Réélu mais malmené

Reconduit à la tête de la CFDT, François Chérèque a dû faire face à des oppositions fortes.

Thierry Brun  • 17 juin 2010 abonné·es

On allait voir ce qu’on allait voir… Le 47e congrès promettait une CFDT unie, prête à en découdre avec le gouvernement sur la question des retraites. Les cinq jours de débat (du 7 au 11 juin) ont laissé un parfum de divergences au sein même de la direction et avec une partie de la base. Le congrès de Tours a certes réélu à l’unanimité François Chérèque pour un troisième et dernier mandat de secrétaire général, ainsi que les huit autres membres de la commission exécutive (le gouvernement de la CFDT). Mais le vote final de la résolution générale n’a pas tourné au plébiscite : 23,1 % des délégués cédétistes ont voté contre.

Le syndicalisme réformiste n’a pas rencontré le succès espéré auprès des salariés du public et du privé, d’autant que le nombre d’adhérents revendiqués par la confédération (833 108 en 2009) est fortement contesté [^2]. Cette ligne réformiste a même frôlé la crise pendant le congrès, apparaissant moins homogène qu’attendu. Une partie du bureau national a redouté que soient balayés le « réalisme » sur la question des retraites et les sept années passées à défendre la réforme de 2003, avalisée in extremis par François Chérèque, qui a entraîné le départ de plus de 80 000 militants.
Les dirigeants de la centrale ont dû rameuter le ban et l’arrière-ban des délégués pour faire voter le « projet alternatif » sur les retraites. Le congrès a voté de justesse le principe d’un allongement de la durée de cotisation, tout en restant ferme sur le maintien de l’âge légal de départ à 60 ans. Un amendement demandant la suppression d’une partie du projet de résolution ouvrant la voie à cette augmentation de la durée de cotisation n’a été rejeté que par 58,9 % des délégués. Le congrès a validé l’idée d’étudier « la possibilité de fusionner les systèmes de retraite du public et du privé petit à petit » , mais non sans rencontrer une opposition qui a fait ressortir des carences dans le soutien aux adhérents et un sentiment de délaissement des fonctionnaires par la CFDT.

« On a entendu beaucoup de messages codés sur la souffrance en interne et les défauts de prise en charge des questions du secteur public », a concédé un membre du bureau national. La direction a été désavouée par deux fois sur la Fonction publique. Toute baisse de ses effectifs a été exclue par 56,8 % des délégués. Et un autre amendement concernant la Fonction publique a été adopté contre l’avis de la direction. Il prévoit d’ « amener les droits des salariés les plus précaires au niveau des droits des salariés les plus stables » . Même après qu’elle a liquidé son opposition interne, tout ne va pas de soi à la CFDT.

[^2]: Toujours moins ! Déclin du syndicalisme à la française, D. Andolfatto et D. Labbé, Gallimard, 2009.

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