Sur un baril de poudre

Dans un livre-enquête, Christophe Champin dénonce les méfaits du trafic de cocaïne en Afrique de l’Ouest.

Florence Chirié  • 24 juin 2010 abonné·es

On l’appelle « l’autoroute de la drogue » : l’A10, la voie privilégiée des cartels entre l’Amérique latine et l’Afrique de l’Ouest. C’est l’itinéraire qu’emprunte depuis le début des années 2000 la cocaïne à destination de l’Europe, où la consommation de cette substance illicite a explosé ces dernières années. Christophe Champin, rédacteur en chef adjoint du site web de RFI et ancien correspondant dans plusieurs pays africains, a mené une minutieuse enquête sur la place du continent noir dans l’acheminement de la poudre blanche vers l’Europe.

La cocaïne, dont la moitié de la production mondiale provient des champs de coca colombiens, est transportée par voie maritime ou aérienne vers l’ouest de l’Afrique, lieu de stockage et de transit. Les quantités saisies n’ont cessé d’augmenter depuis 2005, tandis que les procédés s’industrialisent. Et les trafiquants ne reculent devant rien, utilisant ici un Boeing 727 lesté de 10 tonnes de cocaïne, là un navire à pavillon panaméen chargé de 3,2 tonnes de marchandise. La ­Guinée-Bissau, le Togo, le Sénégal, la Sierra Leone, le Liberia et beaucoup d’autres constituent une plaque tournante idéale, du fait des instabilités politiques, de la corruption au sein des institutions et d’un réseau criminel déjà largement développé.

À travers son investigation, Christophe Champin veut tirer le signal d’alarme. Car les premières victimes du trafic sont les pays de transit. À terme, « cela pousse au recul de l’État de droit, conduit à la criminalisation et renforce la corruption, estime le journaliste. L’interpénétration entre les institutions étatiques et les organisations criminelles est une menace pour la stabilité et le développement de ces pays. » À l’opposé de l’« afro-pessimisme », Christophe Champin espère plutôt sensibiliser l’opinion et les décideurs politiques.

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