Le député UMP Marc Le Fur se conduit comme un porc avec la Bretagne et favorise la prolifération des algues vertes

Claude-Marie Vadrot  • 1 juillet 2010
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Marc Le Fur, parlementaire des Côtes d’Armor, diplômé de Sciences Pô, de l’ENA et de l’UMP vient d’avoir une idée géniale. Au moment où, grâce à la chaleur, aux engrais et au lisier de porc, les algues vertes envahissent déjà les côtes de son département en particulier et de la Bretagne en général, il vient de compléter la loi de modernisation agricole » en cours de discussion à l’assemblée nationale, un amendement qui prévoit de faire passer de 450 à 2000, le nombre de porcs qui pourront être élevés sans que l’installation (le mot ferme parait usurpé…) ait besoin ni d’une enquête publique ni d’une étude d’impact. C’est ce que l’on appelle « rendre service » à ses électeurs industriels de la cochonnaille (basque ou savoyarde, par exemple, puisque non seulement le cochon pollue mais en plus il voyage discrétement) et à ses amis du syndicat agricole dominant. Et cochon qui s’en dédit, Le Fur se répand dans la presse nationale (qui s’en fout) et dans la presse régionale qui compte déjà les emplois par porc en oubliant la fable La Laitière et le pot au lait et sa morale qui guette la Bretagne si elle continue à s’empoisonner malgré les efforts méritoires de l’association « Eaux et Rivières » : « adieu, veaux, vaches cochons… »

Non seulement cet amendement est contraire aux très vagues préconisations du Grenelle de l’environnement, non seulement cet codicille à une loi inutile (faut-il vraiment encore « moderniser » l’agriculture ?) va obliger des dizaines de communes à dépenser quelques centaines de millions d’euros pour ramasser les algues vertes à la pelle (mécanique), non seulement cet amendement entraînera une augmentation de la pollution agricole qui met en danger les eaux et leurs pêches côtières, mais il s’agit d’un encouragement officiel et non déguisé à poursuivre la destruction de l’environnement breton par l’agriculture intensive et polluante. De quoi payer des millions d’euros d’amendes à une Europe qui se lasse de lâcher des subventions qui se transforment subrepticement en cochons.

Résultat probable : alors qu’il y a déjà prés de 6 millions de porcs dans le département des Côtes d’Armor, soit une dizaine de cochons par habitant, ce chiffre va encore augmenter. Non pas au profit des petits agriculteurs mais à celui d’une agro-industrie qui prend de plus en plus cette région française pour une porcherie. Quant aux touristes, ils finiront pas se dire qu’on ne les prend que pour des cochons de payants…D’autant plus que toutes les informations convergent depuis quelques jours sur une nouvelle prolifération des algues vertes dans le département de l’Enarque Le Fur.

Mais, comme la Voix de son Maître est pressante, partout, des parlementaires sont en train de parsemer la loi (on appelle cela des cavaliers) qui vont réduire à néant les promesses (déjà mal tenues) de réduction des pesticides, des herbicides, des fongicides et des engrais chimiques. Il faut bien que les amis de la grande industrie agrochimique, ceux qui donnent régulièrement, officiellement et officieusement, à l’UMP pour pouvoir « toucher la main » du président soient récompensés autrement qu’en bonnes paroles.

Rien que pour la communauté de communes du Trégor, l'opération de ramassage des algues vertes (déjà commencée) coûtera environ 2 millions d'euros jusqu'à la fin de l'été. L'Etat, généreusement, propose une obole de 700 000 euros. Alors qu'il suffirait de prélever des sous (pour Trégor et d'autres communes) sur le chèque de 30 millions reçu des impôts par Liliane Bettancourt. Malgré le renfort des parlementaires UMP liés aux industries agro-alimentaires et à la FNSEA, l'amendement n'a pas été accepté dans sa forme initiale trop provocante et remplace par un texte alambiqué qui pourra être interpétré de toutes les façons favorables à l'agro-industrie puisqu'il prévoit des regroupements et permet des augmentations si il n'y a pas "d'effets notables"... A propos de "notables" il faut aussi saluer la participation à cette mauvaise action de l'UMP (parait-il villepiniste...) Jacques Le Guen, député de Landerneau et médecin. Le Parisien/Aujourd'hui a réussi dans son édition datée de Samedi 3 juillet à publier une page entière sur les algues vertes sans faire la moindre allusion à l'amendement de Le Fur et aux causes de pollution...
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