Les dérives de l’eau

Des militants associatifs se mobilisent contre la privatisation de l’eau par Veolia en Île-de-France.

Julien Badaud  • 8 juillet 2010 abonné·es

Une quarantaine de militants pour la gestion publique de l’eau ont voulu s’introduire le 24 juin au siège du Syndicat des eaux d’Île-de-France (Sedif). Les vigiles en ont décidé autrement. Le même jour, le syndicat désignait Veolia comme délégataire du contrat de distribution d’eau de la région (voir Politis du 1er juillet). Avec ce mandat renouvelé pour douze ans, la firme, numéro un mondial sur le marché de la distribution d’eau, poursuit ce business juteux qu’elle occupe depuis ­quatre-vingt-sept ans déjà. Et elle n’est pas près de l’abandonner ! Avec ses 144 communes et plus de 4 millions de consommateurs, le contrat en Île-de-France est le plus important d’Europe. De quoi mettre l’eau à la bouche des actionnaires.

Mais « les Franciliens ont aussi leur mot à dire, affirme Xavier Renou, membre du collectif S’eau’S. La question de l’eau est trop importante pour être laissée aux seuls membres du Sedif ! » À ses côtés, Jean-Luc Touly, élu au conseil régional d’Île-de-France (Europe Écologie) et président de l’Association pour le contrat mondial de l’eau, acquiesce. Lui aussi connaît bien les problématiques liées à la privatisation de l’eau, puisqu’il a été salarié de Veolia pendant trente ans. En 2006, il est licencié à la suite de la parution d’un livre dans lequel il dénonce les dérives du géant de l’eau [[L’Eau de Vivendi, les vérités inavouables,
Roger Lenglet, Jean-Luc Touly, Alias, 2003.]]. « Le vote en faveur de Veolia est une mascarade. Il est le seul à s’être présenté ! Le groupe se cache derrière l’annonce d’une baisse du prix à la consommation. Environ 20 euros par an et par foyer. Or, c’est insuffisant. Dans le secteur public, on payerait entre 50 et 60 euros de moins. » Si le combat pour la collectivisation de l’eau en Île-de-France n’est pas gagné, Jean-Luc Touly prend une petite revanche sur son ancien employeur : la cour d’appel vient d’annoncer sa réintégration dans l’entreprise. L’arroseur arrosé, en quelque sorte.

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