Une femme dans le vent

Céline Bonacina souffle un air de fraîcheur dans les anches du jazz français.

Denis Constant-Martin  • 8 juillet 2010 abonné·es

Tout comme Géraldine Laurent (alto) et Sophie Alour (ténor), la saxophoniste Céline Bonacina (baryton) est une artiste à part entière. Aucune condescendance dans cette constatation : le monde du jazz, qui a longtemps cantonné les femmes au chant, parfois au piano, a surmonté d’anciens préjugés, permettant que, parmi les jeunes souffleurs dont la créativité éclate, se trouvent également des musiciennes.
Céline Bonacina se fit d’abord remarquer dans des concours (La Défense 2007, Tremplins jazz de La Ciotat 2007 et de Vienne 2009). Elle avait déjà derrière elle une solide expérience musicale, acquise dans des écoles puis dans de grandes formations parisiennes. En 1998, elle part pour sept ans à La Réunion, où elle joue avec divers ensembles, dont le fameux Ti-Fock. À son retour, elle enregistre un premier disque, très bien accueilli ( Vue d’en haut, Alefa Productions), mais c’est le second, Way of Life , qui fait ­entendre une maturité incandescente. Elle possède un son, le grave du baryton, mais aussi la fluidité, anguleuse parfois, tendre ailleurs, qui donne envie de suivre la phrase pour chercher l’heureuse surprise qu’elle promet. Elle s’appuie sur des constructions rythmiques élaborées qui donnent une allure dansante à sa modernité, aiguillonnée en cela par le batteur Hary Ratsimbazafy et, sur quatre plages du disque, le guitariste Nguyên Lê. Bref, ne reniant ni le père fondateur Harry Carney ni le free-jazz, sa musique offre un plaisir complet.

Culture
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