« L’OMS s’est montrée sur la défensive »

Le rapport publié par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) sur la pandémie de grippe H1N1 est resté relativement dans l’ombre. La réaction de Paul Flynn, son rapporteur britannique.

Ingrid Merckx  • 23 septembre 2010 abonné·es

Politis : Le rapport de l’APCE est très dénonciateur, notamment à l’égard de la France. Comment expliquer le peu de réactions à sa parution, le 4 juin ?

Paul Flynn : Ce rapport a fait l’objet d’une grande attention de la part de l’Australie, de la Suisse, du Costa Rica et de la Chine, mais d’une très faible attention dans la plupart des pays… Il est pourtant une pièce maîtresse du débat mondial sur la grippe porcine.

Sur quoi portent vos principales accusations : mauvaise évaluation des risques, manque de transparence, conflits d’intérêts ?

Avoir modifié la définition du niveau 6 de la phase d’alerte en excluant la gravité de la menace. Quand un cas de grippe A H1N1 sur 10 000 était létal, la phase d’alerte était déjà maximale, comme si la menace était comparable à l’épidémie de grippe de 1918.

Quel peut être le poids de ce rapport en France, où ceux de l’Assemblée et de l’OPCST sont restés très mesurés ?

Le Conseil de l’Europe est structurellement indépendant. Mais chaque gouvernement défend ses positions. J’attends beaucoup du rapport pour l’OMS coordonnée par le professeur Harvey Fineberg, à paraître l’année prochaine. Le travail mené par la Cochrane Collaboration [or ganisation internationale de scientifiques indépendants ] et le British Medical Journal, quant à lui, est essentiel pour nos recherches.

Que penser de la réticence de l’OMS à partager des informations avec le Conseil de l’Europe ?

L’OMS s’est montrée particulièrement sur la défensive. Nous avions convié ses ­membres à trois séances de consultations, ils ne sont venus qu’à une seule.

À quelles autres difficultés vous êtes-vous heurtés ?

On sait qu’il y a eu des pressions pour retarder le débat à Strasbourg. J’ai soupçonné « Big Pharma » d’user de son influence tentaculaire.

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Ambitions internationales et continentales : l’avenir de l’Algérie se joue aujourd’hui
Monde 25 avril 2025

Ambitions internationales et continentales : l’avenir de l’Algérie se joue aujourd’hui

Comment se positionne l’Algérie dans la recomposition du monde ? Comme de nombreux pays européens et africains, avec ses forces et ses faiblesses, l’Algérie cherche sa place.
Par Pablo Pillaud-Vivien
En Cisjordanie occupée, la crainte d’une « nouvelle Nakba »
Reportage 23 avril 2025 abonné·es

En Cisjordanie occupée, la crainte d’une « nouvelle Nakba »

Depuis le début de la guerre, les raids de l’armée israélienne s’intensifient dans le nord du territoire occupé. Dans les camps de réfugiés palestiniens de Jénine et Tulkarem, près de 50 000 personnes ont été poussées hors de leurs maisons, sans possibilité de retour. À Naplouse, les habitants craignent de subir le même sort.
Par Louis Witter
« Israël est passé d’une ethnocratie à une dictature fasciste »
Entretien 23 avril 2025 abonné·es

« Israël est passé d’une ethnocratie à une dictature fasciste »

Le député communiste de la Knesset Ofer Cassif revient sur l’annexion de la Cisjordanie, le génocide à Gaza et l’évolution de la société israélienne.
Par Louis Witter
L’État binational, une idée juive
Analyse 23 avril 2025 abonné·es

L’État binational, une idée juive

L’idée d’un État commun a été défendue dès 1925, par l’organisation Brit Shalom et par des prestigieux penseurs juifs, avant de s’évanouir au profit d’une solution à deux États. Mais cette dernière piste est devenue « impraticable » au regard de la violente colonisation perpétrée à Gaza et dans les territoires palestiniens occupés aujourd’hui. Quelle autre solution reste-t-il ?
Par Denis Sieffert