Rentrée musclée

Les syndicats veulent mobiliser profs et parents contre la dégradation des conditions de travail.

Thierry Brun  • 2 septembre 2010 abonné·es
Rentrée musclée
© PHOTO : SAGET/AFP

À peine rentrés, les quelque 12 millions d’élèves de la maternelle à la terminale vont avoir un emploi du temps chamboulé par un mouvement social dans l’Éducation nationale. « À rentrée exceptionnelle, réponse syndicale exceptionnelle », a lancé Frédérique Rolet, cosecrétaire générale du Snes-FSU, principal syndicat enseignant des collèges et lycées, le seul à appeler à deux jours de grève, les 6 et 7 septembre. Dès le premier lundi de la rentrée, le fonctionnement des établissements sera donc perturbé pour protester « contre la gravité des attaques » dans l’Éducation nationale, a prévenu le Snes, pour qui cette grève est « en lien » avec la journée intersyndicale du 7 contre le projet de réforme des retraites.

« Cet appel est sans précédent depuis plusieurs décennies. Il est donc à la mesure de l’exaspération croissante des personnels d’enseignement et d’éducation » , explique Frédérique Rolet, qui met en avant les suppressions de postes : 16 000 sont envisagées dans le projet de budget pour 2011, « alors que plus de 40 000 emplois ont disparu dans le second degré depuis 2003 ».
Le syndicat dénonce aussi la réforme de la formation des enseignants, qui entre en vigueur cette année et placera quelque 8 000 professeurs stagiaires, lauréats des concours 2010, devant une classe entière. « On les lâche dans les conditions les plus mauvaises » , dénonce le Snes, qui ajoute que certains stagiaires « ne sont pas encore affectés, et donc ne connaissent pas le niveau des classes qu’ils vont avoir ».

De son côté, le principal syndicat des professeurs des écoles, le Snuipp-FSU, a prévu de distribuer à la rentrée une « lettre ouverte aux parents pour l’avenir de vos enfants » dans laquelle il dénonce les effets des suppressions de postes, et explique les raisons de la grève. Diffusé à un million d’exemplaires, ce « cri d’alerte pour l’école » , critique les suppressions de postes, « alors qu’on attend 7 000 élèves de plus à la rentrée 2011 ». Selon un rapport de la Cour des comptes, cité par le secrétaire général du Snuipp-FSU, Sébastien Sihr, la France investit 15 % de moins en primaire que la moyenne des autres pays de l’OCDE. Le syndicaliste a aussi insisté sur le fait que la rentrée se fera « dans un climat inédit » avec cette grève à laquelle ont appelé les syndicats enseignants (Sgen-CFDT, CGT Éduc’Action, Snudi-FO, SE-Unsa).
Un sondage commandé par le Snuipp-FSU à l’institut CSA montre que la politique de non-remplacement d’un enseignant sur deux partant à la retraite est une « mauvaise chose » pour 80 % des Français.

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