Sarkozy critique la « méthode » Obama

Le président français revendique une place pour l’Union européenne dans la négociation sur le conflit israélo-palestinien.

Denis Sieffert  • 30 septembre 2010 abonné·es

À mots à peine couverts, Nicolas Sarkozy a critiqué Barack Obama, lundi, dans le dossier israélo-palestinien. Face au risque de rupture après la fragile reprise de dialogue entre Israéliens et Palestiniens, le président français a demandé que l’Union européenne et l’Union pour la Méditerranée soient associées aux discussions. Il y a un « problème de méthode » dans les pourparlers conduits par les seuls Américains, a-t-il commenté.
Si la demande, au nom de l’Union européenne, est tout à fait légitime, on se demande quelle méthode préconiserait Nicolas Sarkozy s’il avait quelque influence dans cette affaire. Alors que le gouvernement Nétanyahou défie une fois de plus la communauté internationale en reprenant ostensiblement la colonisation en Cisjordanie, cela après dix mois d’un moratoire en trompe-l’œil, la France et l’Union européenne seraient-elles prêtes à préconiser des sanctions contre Israël ? C’est plus que douteux si l’on songe que Paris s’est surtout fait jusqu’ici l’avocat du renforcement des liens commerciaux entre l’UE et Israël.

Ajoutons que la ministre de la Justice, Michèle Alliot-Marie, s’emploie dans le même temps, scandaleusement, à criminaliser les associations qui appellent au boycott des produits israéliens. Le président de l’association France Palestine, Jean-Claude Lefort, vient précisément de s’insurger dans une lettre adressée à la garde des Sceaux contre la confusion volontairement entretenue par elle entre « produits israéliens » et « produits casher ». Façon grossière de glisser du terrain politique à celui de la religion.
Dans ce climat, on voit mal ce que la « méthode Sarkozy » pourrait ajouter. Même si le président français, avec cet art consommé du double langage, s’est fendu, dimanche, d’un péremptoire « la colonisation doit cesser ! ». C’était, il est vrai, à la veille d’une rencontre avec le président de l’Autorité palestinienne de passage à Paris. C’est encore du côté de Barack Obama que celui-ci peut espérer le meilleur soutien dans l’impasse créée par l’intransigeance provocatrice du gouvernement israélien. En attendant, Mahmoud Abbas a indiqué qu’il déciderait de pour­suivre ou non les négociations directes avec Israël « après le 4 octobre », c’est-à-dire après consultation des pays de la Ligue arabe.

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