Rencontre avec un « manipulé »

Pierre Duquesne  • 21 octobre 2010 abonné·es

Il ne se nomme pas Jim. Mais c’est sous ce prénom que cet élève de terminale S souhaite qu’on parle de lui. Une nouvelle identité pour un nouveau statut. Bien droit sur un amas de poubelles placées en quinconce devant l’entrée du lycée Claude-Monet, dans le XIIIe arrondissement de Paris, Jim galvanise ses congénères via l’ampli Fender de sa guitare basse, qu’il porte en bandoulière. Il vient de faire voter la grève et le blocus de son lycée par ses camarades en tournant le dos au proviseur. « Les gens qui auparavant militaient au lycée sont partis à l’université. » Maintenant, c’est à lui de mobiliser. 

Dès la manif du 12, il a distribué des tracts appelant à une assemblée générale interlycées. Il s’est fait expulser du cortège par le service d’ordre de l’UNL, qui ne voulait pas d’une coordination lycéenne autogérée. Appartiendrait-il donc à cette espèce de jeunes manipulés visée par le gouvernement ? Jim affiche clairement ses idées : il se dit proche du NPA et de l’Alternative libertaire, mais se garde bien de choisir pour le moment. Du premier, il  « aime le côté internationaliste, découvert dans un camp de vacances autogéré, avec des jeunes venus de toute l’Europe » . De la seconde, il apprécie « l’implication exclusive dans la lutte syndicale » .

Mais ce n’est pas dans ces mouvements qu’il a appris à s’organiser, confie-t-il en surveillant la tenue de la chaîne humaine. « J’étais en seconde quand est intervenu le mouvement contre la réforme Darcos. » Ce matin de grève, Jim avoue n’avoir dormi que deux heures, après avoir passé sa soirée à faire un tract pour son lycée. Le reste de sa nuit, il l’a passé à bosser « son contrôle » . Plus tard, il souhaite faire « des maths pures » .

Publié dans le dossier
Crise sociale : à force de mépris
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