« La Cimade a besoin de tous les citoyens »

Pierre Grenier* revient sur les 70 ans de l’association et l’orientation de son engagement.

Ingrid Merckx  • 11 novembre 2010 abonné·es

Politis : La Cimade fête ses 70 ans. Que retenez-vous de cet anniversaire ?

Pierre Grenier : On a encore beaucoup à faire en termes de réflexion sur notre histoire : interventions dans les camps, accueil des réfugiés dans les années 1970, combat avec les travailleurs migrants… L’actualité récente l’a montré, nous devons nous inspirer de ce passé. Cela dit, de plus en plus de gens non investis dans des partis, des syndicats ou des associations ne se reconnaissent pas dans le fait qu’on enferme des gens au seul motif qu’ils ne possèdent pas le bon papier… Ce dont témoignent RESF mais aussi des groupes plus locaux : des habitants autour d’un centre de rétention, par exemple. L’engagement des syndicats auprès des travailleurs sans papiers est un mouvement notable mais plus francilien.

Comment évolue l’engagement de la Cimade ?

L’outil juridique est tellement restrictif qu’il ne suffit plus. Comment aller au-delà ? Il faut continuer à aider les personnes dans leurs démarches, mais aussi sensibiliser plus largement. Quand je suis arrivé à la Cimade il y a dix ans, il n’y avait pas d’enfants en rétention, et on ne séparait pas les familles. Près de 300 enfants ont été enfermés en CRA en 2009, et on voit régulièrement expulser un père ou une mère dont les enfants sont en France… La Cimade ne peut lutter seule. Elle a besoin de tous les citoyens et des étrangers eux-mêmes.

Dans quel sens orienter l’action ?

Pendant la campagne présidentielle de 2007, nous avions rédigé 75 propositions. 2008 a été marquée par la mise sur le marché de la mission que remplissait la Cimade dans les centres de rétention depuis vingt ans. Événement qui s’est soldé malgré tout par une victoire, l’aide à l’exercice effectif des droits des retenus étant finalement maintenue, contre la volonté du gouvernement d’en faire une simple mission d’information. Cinq des associations présentes aujourd’hui dans les centres de rétention ont pris des positions communes contre la loi Besson le 3 septembre. L’action se poursuit tous les jours, dans toutes les villes, devant toutes les préfectures… Concernant la Cimade, le festival Migrant’scène est un moment important qui a des répercussions jusqu’en Afrique, notamment au Mali.

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

Les Jeunes de Belleville « en lutte jusqu’à la victoire »
Luttes 21 novembre 2025 abonné·es

Les Jeunes de Belleville « en lutte jusqu’à la victoire »

Pour la Journée internationale des droits de l’enfant, environ 300 personnes ont manifesté à Paris à l’appel du collectif des jeunes de Belleville. Encore marqués par l’expulsion violente de la Gaîté lyrique en mars dernier, ils ont dénoncé les violations des droits des mineurs isolés en France.
Par Pauline Migevant
À Échirolles, le Village 2 santé prend soin des habitants « fracassés par le système »
Reportage 21 novembre 2025 abonné·es

À Échirolles, le Village 2 santé prend soin des habitants « fracassés par le système »

Implanté au sein d’un quartier populaire d’Échirolles, en périphérie de Grenoble, un centre de santé communautaire soigne les habitants en prenant en compte les inégalités sociales. Un projet dans lequel les habitants sont pleinement investis.
Par Pauline Migevant

Franco : une récupération aux mille visages
Extrême droite 20 novembre 2025 abonné·es


Franco : une récupération aux mille visages

Quarante ans de dictature franquiste ont imprimé en profondeur la société espagnole. Son empreinte, décryptée par l’historien Stéphane Michonneau, pèse aujourd’hui sur le débat politique, en y insufflant les relents nauséabonds du fascisme. Même si le franquisme est maintenant poursuivi par la loi.


Par Olivier Doubre
Le 22 novembre, nous ne marcherons ni avec l’extrême droite ni avec les sionistes !
Féminisme 20 novembre 2025

Le 22 novembre, nous ne marcherons ni avec l’extrême droite ni avec les sionistes !

Cette tribune a été rédigée par une inter-organisation féministe antiraciste, anticoloniale, antifasciste composée des collectifs suivants : #NousToutes IDF, Le CLAF, Du Pain et des Roses, Extinction Rebellion France, Feministes révolutionnaires, Jeunes Écologistes IDF, Observatoire des violences dans l’enseignement supérieur, OuTrans, Relève féministe, Revolution féministe Versailles, Tsedek !, Urgence Palestine.