Plus de régularisations

Des travailleurs sans papiers occupent un musée parisien. Leur grève commence à payer.

Meriem Laribi  et  Monica Lanzoni  • 11 novembre 2010 abonné·es

Cinq cents travailleurs sans-papiers occupent la Cité nationale de l’histoire de l’immigration, dans le XIIe arrondissement de Paris, depuis le 7 octobre dernier. Une occupation pacifique qui n’empêche pas la visite du musée. Les grévistes, pour la plupart des hommes africains travaillant dans le bâtiment et le nettoyage, ont réorganisé leur vie ici : des jeunes jouent au baby-foot, d’autres prient, les plus âgés discutent autour des tables, certains se reposent dans un coin. « On vit grâce à la solidarité, on se débrouille avec ce qu’on a, mais on est déterminés » , explique Konate Djidou, travailleur sans papiers, en France depuis onze ans.

La CGT dénombre 6 804 grévistes, en lutte depuis le 12 octobre 2009 pour obtenir la régularisation de tous les travailleurs sans papiers. Il y en aurait 300 000 en France, payant cotisations et impôts. « Les patrons ferment les yeux sur les “vrais faux papiers”, ceux d’un cousin, d’un ami etc. » , dénonce Raymond Chauveau, coordinateur CGT du mouvement des salariés sans papiers. Une opportune indulgence pour cette main-d’œuvre flexible, bon marché et sans défense.

Contre cet état de fait, les actions des grévistes et les négociations avec le ministère de l’Immigration commencent à donner des résultats : « Nous ne sommes plus dans une politique du cas par cas » , constate le coordinateur. Un certain nombre de critères de régularisation (ancienneté, stabilité dans l’emploi, etc.) sont désormais applicables au niveau national, et les préfectures doivent en tenir compte. Parmi les grévistes du musée parisien, une centaine ont été régularisés depuis un mois et une vingtaine de procédures sont lancées chaque semaine.

Mais, si les préfectures délivrent des récépissés de trois mois, ces derniers ne sont pas toujours accompagnés d’une autorisation de travail… « Nous sommes conscients de soulever un gros problème , admet Raymond Chauveau. Mais la question est de savoir si la société française accepte qu’il y ait autant de salariés réduits au rang d’esclaves modernes. »

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