Quand l’ordi enlumine le oud

Kamilya Jubran et Werner Hasler mettent en sons inouïs la poésie arabe.

Denis Constant-Martin  • 4 novembre 2010 abonné·es

« Dans le feu, je me suis tenu pour écrire ton histoire/Dans le ­cahier perdu de mes rêves/Dans le feu j’ai ouvert l’avenir en promesse, en fenêtre… » C’est sur ces vers du poète irakien Fadhil Al Azzawi que s’ouvre le programme que présentent la chanteuse et oudiste palestinienne Kamilya Jubran et le musicien suisse Werner Hasler. On y entend un espoir irréductible qui projette un avenir d’humanité pour ce Proche-Orient que Jubran et Al Azzawi ont dû quitter sans pouvoir l’arracher de leur cœur : « Ah ! Lance notre cri/Même si personne ne l’entend dans le vent…/Nous nous battrons dans les rangs des oubliés/Et nous bâtirons une autre capitale pour le monde. » Mais le cri ne peut être lancé platement. La voix de Kamiliya Jubran lui a donné une harmonie d’émotions qui en démultiplie les échos ; le travail de Werner Hasler le dramatise en l’engageant dans une modernité radicale.

Trompettiste et concepteur de sons électroniques, imprégné de musique contemporaine et de jazz, familier des musiques arabes, Hasler intervient en direct à la trompette et avec un ordinateur pour enluminer la voix et le oud de Kamilya Jubran. Il en résulte un univers mouvant, renouvelé à chaque concert, dans lequel s’harmonisent parfaitement la poésie des mots, la force des mélodies, les contrepoints de la trompette et les scintillements de l’électronique.

Culture
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