Businessman farmer

La FNSEA vient de nommer à sa tête Xavier Beulin, un financier pro-OGM.

Agnès Rousseaux  • 23 décembre 2010 abonné·es

Virage au sein de la FNSEA ? Le 16 décembre, le syndicat agricole majoritaire, historiquement tenu par les éleveurs, a élu président Xavier Beulin, 52 ans, grand producteur de céréales et d’oléagineux. Il l’emporte d’une courte avance (36 voix contre 31) face à Dominique Barrau, éleveur dans l’Aveyron.
Agriculteur autodidacte, Xavier Beulin cultive 170 hectares dans le Loiret. Et préside Sofiprotéol, un fonds d’investissement de la filière des oléoproteagineux. Et un poids lourd de l’agro-industrie, au chiffre d’affaires de 5,5 milliards d’euros, propriétaire, entre autres, des marques d’huile Lesieur et Puget, ou du groupe Glon Sanders, leader français de nutrition animale. Parmi les filiales de Sofiprotéol, Diester Industrie produit des agrocarburants et Oléon commercialise des produits industriels d’origine végétale, utilisés dans les secteurs des lubrifiants, lessives, peintures ou cosmétiques… Grâce au développement de cette « chimie renouvelable » , Sofiprotéol protège l’environnement, précise le site du groupe. Celui-ci est aussi actionnaire de Biogemma, qui « participe à l’enrichissement de la biodiversité » par ses travaux sur les OGM. Sofiprotéol est également entré au capital de Hendrix Genetics, entreprise de génétique animale qui « a développé des souches de poules pondeuses qui peuvent se nourrir de tourteaux de colza sans que le goût de leurs œufs ne soit modifié » . Charmant…

Le nouveau président de la FNSEA, qui cumule les mandats dans les organisations professionnelles, défend une « agriculture moderne, vivante et conquérante ». À l’image sans doute du groupe Sofiprotéol. « Cette élection symbolise l’évolution vers une FNSEA décomplexée » , avec à sa tête un « businessman » , estime Philippe Collin, porte-parole de la Confédération paysanne. « Xavier Beulin incarne une agriculture où les paysans sont sous l’emprise croissante des industries agroalimentaires. Hors de l’intégration dans des rouages macroéconomiques, point de salut, et pas de possibilité pour les paysans d’exister. » Une politique dans la continuité de celle de Jean-Michel Lemétayer, son prédécesseur ? « Sauf que l’intégration de l’agriculture dans l’appareil économique et financier n’est plus une réalité subie, mais un choix clair, une revendication » , analyse Philippe Collin. Mais il n’est pas certain que tous les paysans de la grande ­maison FNSEA –  « où cohabitent chèvre, chou et loup » , ironise le porte-parole de la Conf’ – s’en satisfassent. Des tensions internes en perspective, alors que la réforme de la politique agricole commune et les négociations de l’OMC se profilent.

Écologie
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