La chasse aux mécènes est ouverte

Via leurs fondations, de plus en plus d’universités collectent des fonds auprès des entreprises pour compenser le désengagement de l’État. De quoi relativiser leur supposée « autonomie ».

Eva Delattre  • 9 décembre 2010 abonné·es

Tandis que le Medef passe par la grande porte, les entreprises entrent par les fenêtres. Trois ans après le vote de la loi LRU incitant les universités à créer leurs propres fondations – pour compenser le désengagement de l’État –, elles sont aujourd’hui 32 facs à faire la chasse aux entreprises mécènes. Certaines fondations ont pour mission de collecter des financements alloués à des projets précis. Comme celle de Montpellier-III, dédiée à la recherche en égyptologie. Mais la plupart des universités utilisent les fonds récoltés pour des actions beaucoup plus floues : « rayonnement de l’université à l’international » , « contribution à l’enseignement » , « soutien à l’excellence » … Profitant de cet appel d’air, les entreprises tissent peu à peu leur toile sur l’enseignement supérieur public.

À grands coups de dons (défiscalisés) atteignant parfois des millions d’euros, les mêmes mécènes financent les mêmes universités. Parmi les plus « prodigues », les labos pharmaceutiques comme Sanofi Aventis : en plus d’être membre fondateur de la fondation de l’université d’Auvergne – il y met au point une formation destinée « à attirer les étudiants en médecine vers l’industrie pharmaceutique » (sic) –, le groupe est également présent au sein de la fondation de l’université de Bordeaux – son PDG en est le vice-président – ou de la fondation Lyon-I. Pour le secteur bancaire, Exane, filiale de la BNP-Paribas spécialisée dans le courtage financier, donne à l’École d’économie de Toulouse, mais aussi à la fondation de l’université de Strasbourg, et siège au conseil d’administration de la fondation de Paris-Dauphine. Cette dernière compte par ailleurs dans ses grands mécènes Bolloré, Bouygues et Lagardère. De quelle autonomie parle-t-on ?

Société
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