Que peuvent les villes et les régions ?

Claude-Marie Vadrot  • 16 décembre 2010 abonné·es

Elles aussi veulent mener « la bataille du climat » . Qui ? Les collectivités locales : municipalités, districts, régions, gouvernements locaux… Ignorées à Copenhague, elles se sont remobilisées à Cancún. Sous la présidence de Bertrand Delanoë, elles s’étaient réunies à Mexico deux semaines plus tôt, lors du ­troisième Congrès mondial des cités et gouvernements locaux. Le millier d’élus ­présents se sont accordés pour « donner l’exemple » en acceptant que leurs émissions de CO2 et leurs efforts pour les réduire soient contrôlés par l’ONU.

Pour Mexico, montrer l’exemple consiste à réorganiser la circulation aux dépens des voitures individuelles, à privilégier les transports collectifs et à remplacer les dizaines de milliers de taxis qui polluent la ville. De son côté, le maire de Paris a pris l’engagement de réduire de 25 % les émissions de polluants et de gaz à effet de serre d’ici à 2020. Cela passe par des diminutions progressives et concertées de la circulation automobile et des rejets industriels. Après de laborieuses négociations pendant la conférence, le Pacte de Mexico a été officiellement reconnu dans les accords à la clôture du sommet de Cancún. Les deux organisations qui regroupent agglomérations et régions – Cités et gouvernements locaux unis (CGLU) et Local Governments for Sustainability (Gouvernements locaux pour le développement soutenable, ICLEI) – se sont réjouies de « la prise en compte du rôle crucial des gouvernements locaux dans la lutte contre le changement climatique » . Le rôle des communes, ­petites et grandes, comme celui des régions, est effectivement important. Le mouvement de décentralisation en Europe et dans les pays du Sud donne de plus en plus de poids aux villes et aux régions dans les décisions d’aménagement du territoire.

Reste que les moyens les plus appropriés pour lutter contre le dérèglement climatique y font aussi débat, comme le soutien à la voiture électrique ou la manière de développer les énergies renouvelables. « Nous voulons insister, en Île-de-France comme partout, sur la rénovation des bâtiments, qui permet des économies énergétiques et financières, et sur les réseaux de transports publics » , a déclaré Hélène Gassin, vice-présidente du conseil régional d’Île-de-France pour l’environnement, lors de la réunion du Climate Group, qui réunit depuis 1997 des villes et des gouvernements locaux. « Je sais que le Climate Group s’intéresse beaucoup aux voitures électriques, mais je ne suis pas très enthousiaste sur ce mode de déplacement, et la Région non plus. De toute façon, cela ne relève pas de nos responsabilités, alors que pour tout ce qui concerne l’aménagement du territoire nous sommes les acteurs les plus importants. Il ne faut pas oublier que, dans ces domaines, nous investissons plus que l’État » , a-t-elle poursuivi.

Tout en dénonçant les pesanteurs politiques et la timidité de nombreux élus, elle regrette qu’il n’existe pas encore une seule éolienne en Île-de-France alors que la Région comporte des gisements éoliens énergétiquement rentables. « Nous souhaitons que, sur ce sujet, naissent des initiatives citoyennes plutôt que s’installent des opérations uniquement commerciales. » Conséquence de l’exil des travailleurs vers de lointaines banlieues, les transports collectifs demeurent la question clé, de Paris à São Paulo, de Mexico à Pékin. Les engagements pris par la région Île-de-France ne font pas oublier le tout récent rapport de la Cour des comptes sur le gaspillage, l’inconfort et l’insuffisance du réseau francilien. Même au niveau local, les actes semblent avoir bien des difficultés à rejoindre les discours, et à suppléer aux
défaillances des États.

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