« Poupoupidou » : La belle du Jura

Une comédie faussement légère, et un beau portrait de femme fantasque.

Christophe Kantcheff  • 13 janvier 2011 abonné·es

« Poupoupidou » . Avec un titre pareil, on imagine un film léger comme une bulle de champagne. Poupoupidou , de Gérald Hustache-Mathieu, est effectivement une comédie, endossée notamment par Jean-Paul Rouve, alias David Rousseau, un écrivain de polars en panne d’inspiration, qui se rend à Mouthe (Jura), où le notaire lui lit le testament de sa mère, qui lègue 650 000 euros à la commune, tandis que lui hérite… d’un grand chien empaillé !

Mais, très vite, Rousseau se retrouve à mener son enquête sur la mort étrange de Candice Lecœur, pseudo­nyme d’une jeune fille un jour remarquée par un photographe et devenue une vedette locale, qui se prend pour la réincarnation de Marylin Monroe. C’est Sophie Quinton qui incarne avec beaucoup de justesse ce rôle difficile – car le personnage n’existe que par flash-back ou séquences oniriques, et il n’était en outre pas aisé de trouver la singularité de cette starlette qui s’identifie à une icône.

Outre la distribution, faite aussi de plusieurs seconds rôles tous saillants, ce qui est devenu rare dans le cinéma français, le meilleur du film tient dans le contraste réussi entre les épisodes humoristiques et l’atmosphère pesante qui règne dans cette petite ville, réputée la plus froide de France. Un secret semble lier plusieurs no­tables du coin (comme chez Chabrol), mais l’enquête que mène l’écrivain pour élucider le mystère – et qui relance son élan créateur – est autant un prétexte à des situations cocasses qu’à dresser le portrait d’une jeune femme fantasque, peu sûre d’elle et aspirant à un autre destin.

Culture
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