À chacun ses trophées

Un site Internet propose de désigner le « colonialiste de l’année ». Les candidats pullulent.

Xavier Frison  • 3 février 2011
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La récente sortie de Michèle Alliot-Marie sur la Tunisie l’a une nouvelle fois démontré : les vieux réflexes colonialistes sont toujours vivaces. À l’occasion de la Semaine anticoloniale, les internautes peuvent honorer les plus éminents représentants d’une caste hétérogène où se mêlent nostalgie de la Françafrique, racisme bon teint et néocolonialisme économique. Comment ? En votant pour le « colonialiste de l’année » et le « Prix Françafrique 2010 ». Pour le meilleur colonialiste, Michèle Alliot-Marie a le vent en poupe, mais de valeureux outsiders pourraient bien créer la surprise. Ainsi Hubert Falco, ex-secrétaire d’État aux Anciens Combattants, est-il nominé pour avoir « lutté sans relâche pour la réhabilitation de la “nostalgie coloniale” » . Inauguration de la Fondation pour la mémoire de la guerre d’Algérie, des combats du Maroc et de la Tunisie, proximité avec les nostalgiques de l’OAS, vision civilisatrice de la colonisation, bref, un sérieux candidat.

On n’oubliera pas non plus le journal Riposte laïque , friand de la théorie du choc des civilisations et organisateur des « Assises de ­l’isla­­misation de l’Europe ». Plus connus, Éric Zemmour, Brice Hortefeux, voire Jean-Paul Guerlain ( « Pour une fois, je me suis mis à travailler comme un nègre. Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin… » ), devraient tirer leur ­épingle du jeu.

Dans la catégorie du prix Françafrique, du beau linge là aussi. À commencer par le groupe Bolloré, « multinationale monopolistique » impliquée dans de nombreux secteurs de l’industrie et des transports. Areva excelle également dans l’exercice de la prédation des ressources, via son activité d’extraction de l’uranium au Niger. Mais un homme pourrait bien faire la nique à nos fleurons industriels : Dov Zérah, nouveau patron de l’Agence française de développement, conseiller municipal UMP de Neuilly-sur-Seine et maillon caricatural des relations officieuses entre la France et l’Afrique.

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