Jeune délinquant cherche juge des enfants

Pauline Graulle  • 17 février 2011 abonné·es

Ah, le « 9.3 » ! Ses cités sensibles et ses violences urbaines… En 2005, Clichy-sous-Bois était l’épicentre d’émeutes qui se sont ensuite répandues dans plusieurs banlieues de grandes villes françaises. Juste à côté, Montfermeil s’enflammait aussi. « On va mettre le paquet ! » , avait alors juré Nicolas Sarkozy, le martial ministre de l’Intérieur. Et de bomber le torse : « Les voyous doivent être punis. »

Six ans plus tard, à Clichy-Montfermeil, lesdits « voyous » ont pourtant toutes les peines du monde à passer devant la justice. Normal : depuis 2009, le fauteuil du juge des mineurs du secteur est vide. L’ancienne magistrate a eu la mauvaise idée de partir en congé parental. Elle n’a jamais été remplacée. La faute au manque d’effectifs, plaide la Chancellerie. « Plutôt aux suppressions de postes » , grince-t-on au tribunal de Bobigny, qui, depuis des mois, alerte le ministère.

Mais en lieu et place d’un nouveau juge, en 2010, les 13 magistrats du tribunal pour enfants ont vu arriver sur leur bureau 600 dossiers… à caser dans leurs piles déjà démesurées. Pas la panacée pour un suivi correct des jeunes délinquants qui, pour le coup, doivent s’armer de patience. « On traite en priorité les délits les plus graves » , indique Jean-Pierre Rosenczveig, le vice-président du TGI. Pour le reste ? Les petits larcins sont expédiés vers le parquet, qui, lui, « ne connaît que le verbe et la menace : c’est une très mauvaise réponse judiciaire et un vrai scandale !, fulmine le juge. Après, on viendra nous dire que la délinquance empire, et que c’est de notre faute… » Qui diable oserait ?

Société
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