Les lycées privés sont-ils surdotés ?

Ingrid Merckx  • 3 février 2011 abonné·es

Entre le placard et la poubelle. C’est sur ce trajet que les cinq élus Front de gauche et Alternatifs du conseil régional d’Île-de-France ont intercepté une cinquantaine de dossiers provenant de lycées privés sous contrat. Objectif : étudier les financements accordés par la Région à ces établissements, dont 85 % environ relèvent de l’enseignement catholique. La loi du 13 août 2004 fait obligation à l’État et aux régions de contribuer au budget des lycées privés sous contrat. Mais, d’après ces conseillers régionaux, 37 % des financements accordés par l’Île-de-France à ces établissements « ne relèvent d’aucune obligation légale » . C’est-à-dire 19 millions sur les 57 millions d’euros qu’ils ont perçus en 2010, révèle un document intitulé Premier Livre noir sur le financement des lycées privés d’Île-de-France.

Ces 37 % recoupent des subventions pour la rénovation, l’équipement, la création de places nouvelles, et parfois pour des dispositifs pédagogiques ou sociaux. « La région n’a pas à aller au-delà de la loi, surtout en période de disette dans le service public ! » , martèle Pascale Le Néouannic, élue Front de gauche. Conclusion de cette enquête : les 202 lycées privés sous contrat, qui scolarisent 19 % des élèves, seraient « surdotés » par rapport aux 469 lycées publics.

L’enseignement catholique francilien ne dément pas les chiffres mais s’insurge contre l’accusation de « surdotation » et s’étonne de voir remis en cause des financements accordés depuis 1986. Il y décèle une « offensive idéologique » qu’il croyait « révolue » . Pour le groupe Front de gauche et Alternatifs, ce « livre noir » est une manière de respecter un engagement de campagne pour les régionales 2010. Il vise à prévenir les citoyens de « cette offensive antilaïque » , ainsi que les conseillers régionaux qui ignorent ou « feignent d’ignorer » la part facultative des subventions qu’ils allouent au privé. Certains en ont eu vent : dans le budget 2011, cette part a baissé de 40 %.

Société
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