MAM et Patrick Ollier: plus de taxi pour Tobrouk… Ni pour Tabarka

Claude-Marie Vadrot  • 26 février 2011
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Michèle Alliot-Marie va désormais pouvoir tranquillement voyager sans être ministre. Elle pourra ainsi visiter, mais cette fois à ses frais, sans problème et avec sa bonne conscience en bandouillère, toutes les dictatures du monde. Ce qui devrait lui prendre plusieurs années, vue l’abondance des pays qu’avec son Président, elle a toujours évité de critiquer : de l’Ouzbékistan à la Chine en passant par le Koweït, la Birmanie, le Turkménistan où Bouygues construit des mosquées et des Palais, le Tchad, l’Arabie Saoudite, la Syrie ou la Biélorussie. Et j’en oublie. De quoi faire des découvertes et collectionner les voyages gratuits qu’elle effectuera comme députée puisque la dernière réforme constitutionnelle va lui éviter le chômage en l’assurant de retrouver un siège parlementaire sur lequel elle n’a pas siégé depuis dix ans.

Il faut espérer que son compagnon, Patrick Ollier, se verra prochainement et également offrir la même perspective. Mais il n’est pas certain que s’il veut effectuer prochainement son vingt et unième voyage dans cette Libye qu’il aime tant, il puisse facilement trouver un taxi pour Tobrouk; vu l’état dans lequel il a contribué à mettre le pays. Pourtant, les Libyens devraient lui être très reconnaissants : non seulement Patrick Ollier a facilité la vente à leur pays des armes dont ils se sont emparés à Benghazi, mais en plus il a fortement appuyé les gens de Vinci qui préparent depuis quelques années un crime écologique peu connu. Il s’agit de la participation de cette entreprise française à la construction de l’énorme canalisation qui doit amener de l’eau du sud dans le nord du pays sur 4200 kilomètres. Cela ne poserait pas de problème si cette « grande rivière », comme on la nomme là-bas, n’allait pas être alimentée par le pompage des eaux fossiles qui se trouvent depuis des dizaines de milliers d’années sous le désert. Avec le risque, signalé depuis des années par les spécialistes, d’épuiser cette ressource non renouvelable et d’assécher les sources qui alimentent les oasis du désert. Mais cela ne gêne ni Vinci ni Patrick Ollier. Ce dernier devrait avoir, à un moment ou à un autre présenter aussi la facture de ses compromissions, ce qui lui donnerait tout le temps pour reprendre la campagne qu’il mène à l’assemblée nationale contre l’énergie des panneaux solaires et des éoliennes après avoir fait modifier la loi Grenelle 2 sur ces deux promesses de son président. Il peut même continuer, comme député, à tenter de fourguer une centrale nucléaire aux Libyens.

Le vrai problème dans l’affaire de ces deux escrocs politiques du gouvernement, c’est qu’ils n’ont toujours pas compris pourquoi ils sont sanctionnés par l’opinion publique et donc par le Président de la République qui essaie de ne pas fâcher les 30 % de Français qui lui font encore confiance. Pour ces hiérarques, profiter d’amis politiques en famille, voir leur donner un coup de main, cela ne posait et ne pose aucun problème : voyager à l’oeil grâce aux amis des dictateurs ou négocier, dans de luxueuses conditions, pour des dictateurs, cela fait partie des comportements normaux. Pas « tous pourris », c’est une slogan détestable (et faux) de l’extrême-droite, mais (presque) tous inconscients du monde hors leurs palais et ministères. Tellement surs d’eux et éloignés de la réalité, qu’ils oublient même qu’il ne faut quand même pas se faire prendre! Alors, comme pour les dictateurs en danger, on peut reprendre le titre paru il y a quelques jours dans Libération : ### à qui le tour ?* *

Salauds d'Arabes, explique le Président Sarkozy, ils vont profiter de leur retour à la démocratie pour nous envahir. Comme le chantait (presque) Jean Ferrat : "{Hou, hou, méfions nous, les Arabes sont partout}"
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