« Non au train express nucléaire sur les voies du RER ! »

Un train de déchets radioactifs en provenance d’Italie a traversé la France les 7 et 8 février. Tout au long du parcours, le réseau Sortir du nucléaire s’est mobilisé avec le soutien de Sud rail, d’Europe écologie et du Parti de gauche. Reportage à la gare Versailles Chantiers, en région parisienne, au petit matin.

Erwan Manac'h  • 8 février 2011 abonné·es
« Non au train express nucléaire sur les voies du RER ! »

Les policiers étaient plus nombreux que les manifestants, ce mardi au petit matin, vers 7h40, au bord des rails de la gare Versailles Chantiers, pour accueillir le convoi de déchets radioactifs. La dizaine de militants a préféré ne pas se poster en travers des voies et s’est finalement replié à l’entrée de la gare, pour diffuser quelques tracts dans la marée des travailleurs pressés.

Le train est parti d’Italie, dimanche 6 février, avec un wagon de combustible usé radioactif à destination de la Hague (Manche) où Areva possède une usine de retraitement. À Ambérieu-En-Bugey (Ain), treize wagons français ont été raccordés au convoi.

En Italie, dimanche, un affrontement avec la police a fait deux blessés légers et deux militants ont été interpellés. En France, le trajet du train n’a pas été perturbé, mais les antinucléaires était présents pour faire entendre leurs revendications. Le réseau Sortir du nucléaire a compté douze rassemblements lundi 7 et mardi 8 février sur le parcours du train.

« La SNCF nous ment »

Depuis la mobilisation contre le « train de l’enfer » , un convoi hautement radioactif de 11 wagons, au début du mois de novembre 2010, la SNCF a verrouillé sa communication. D’après Sortir du nucléaire, l’entreprise annonce de faux horaires de passage du train et entretient le flou sur le nombre de wagons et leur contenance précise.
« L’opacité autour de ces convois reflète bien l’embarra de l’entreprise publique », estime Laura Hamaux depuis le quai de la gare, les traits tirés par trois jours de mobilisation.

Contacté par Politis.fr , le service de presse de la SNCF affirme ne disposer d’aucune information sur ce train et renvoie vers Areva, considéré comme un client de fret lambda.
De son côté l’industriel de l’énergie français, contacté ce mardi, explique que 12 des 13 wagons français étaient vides. Areva garantit également que les contrôles obligatoires rendent ces convois inoffensifs.

Le syndicat de cheminots Sud rail a pourtant rallié la mobilisation, inquiet pour la sécurité des employés de la SNCF.
« À moins de deux mètres d’un wagon radioactif nous sommes exposés , s’indigne Philippe Guiter, secrétaire fédéral à Sud rail. La SNCF refuse de faire un état des lieux et interdit même les mesures de radioactivité autour des wagons. »

Devant l’entrée de la gare de Versailles Chantiers, à l’ouest de Paris, le passant n’est pas très réceptif, ce mardi matin.
«Arrêtez vos gaucheries » , lance même un homme, pressé mais remonté, l’index pointé vers l’autocollant « Sud rail » que Philippe Guiter arbore sur sa poitrine. « L’écologie ne doit pas être confisquée par des trotskistes » , scande-t-il même avant de tourner les talons face au sourire pantois de l’intéressé.

Le réseau Sortir du nucléaire devrait multiplier ce type de mobilisation ponctuelle autour des convois qui traversent chaque semaine l’Europe et passent une ou deux fois par an sur les rails du RER C, en banlieue parisienne. « Nous avons réussi à monter une petite mobilisation en à peine trois jours, et les gens se sont rassemblés parfois en pleine nuit » , se félicite Laura Hamaux. Rendez-vous au prochain convoi.

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