Utiliser une monnaie locale

Thierry Brun  • 31 mars 2011 abonné·es

Que faire ?

Françoise Lenoble a des abeilles dans son porte-monnaie. Et de moins en moins d’euros. Avec d’autres membres de l’association Agir pour le vivant, elle a créé à Villeneuve-sur-Lot (Pyrénées-Atlantiques) cette monnaie locale complémentaire qui, depuis plus d’un an, est utilisée par une soixantaine de familles dans une ville qui compte 25 000 habitants. Françoise paie la quasi-totalité de ses courses alimentaires avec cette monnaie, encouragée par la mairie. Pour cela, elle a adhéré à l’association, elle change régulièrement ses euros en abeilles (un euro pour une abeille). Ses euros alimentent le fonds de garantie de l’association, qui est aussi un compte d’épargne à La Nef.

Elle dispose de « billets » de 1, 2, 5, 10 et 20 abeilles et d’une liste comprenant une cinquantaine d’entreprises, de producteurs de légumes, de commerçants, de thérapeutes, de coiffeurs, etc. qui ont signé une charte les engageant à produire ou à agir localement
et à respecter l’environnement. Françoise va ainsi chez un boulanger qui s’est converti au pain bio et lui propose une remise quand elle paye en abeilles. La commerçante, pourtant en concurrence avec deux grandes surfaces, a pu ainsi maintenir son activité et la développer avec une nouvelle clientèle. Quand elle a trop d’abeilles, elle demande au fonds de garantie d’en convertir une partie en euros pour, par exemple, payer des factures ou les impôts.

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Pourquoi ?**

Il ne s’agit pas de remplacer l’euro mais d’éviter la spéculation sur les monnaies. Entre 3 et 5 % de la monnaie dite conventionnelle, comme l’euro, concernent des échanges marchands au service du citoyen, le reste sert à la spéculation, expliquent des spécialistes comme Patrick Viveret et Bernard Lietaer. L’expérience de Villeneuve-sur-Lot montre que, comme en Allemagne, où il en existe de nombreuses, les monnaies locales redéveloppent une économie de proximité plus humaine, qui crée des emplois. La monnaie locale soutient aussi des initiatives qui cherchent à agir concrètement – sans omettre le contexte global et ses liens géographiques, culturels, politiques et sociaux – sur la transformation écologique et sociale des territoires. Dans le sillage de l’expérience de Villeneuve-sur-Lot, de nombreuses monnaies locales complémentaires sont en cours de création en France.

Comment ?

  • Consulter le guide de mise en œuvre d’une monnaie complémentaire, sur le site de l’Association internationale pour le soutien aux économies sociétales
    (http://www.aises-fr.org/action_citoyenne.html).
  • Téléphoner à l’association Agir pour le vivant, qui se fera un plaisir de vous informer sur les aspects pratiques de la monnaie locale complémentaire. Adresse : Maison de la vie associative, 47300 Villeneuve-sur-Lot. Contact : 05 53 40 33 82, http://agirpourlevivant.org.
  • Lire aussi le livre Une monnaie nationale complémentaire, pour relever les défis humains et écologiques, de Philippe Derudder et André-Jacques Holbecq, éditions Yves Michel, 2011.

Le geste utile
Temps de lecture : 2 minutes