Cuba « rectifie » son modèle

Le 6e congrès du Parti communiste cubain vient d’adopter 311 mesures économiques. La population oscille entre espoir et scepticisme.

Jennifer Austruy  • 21 avril 2011 abonné·es

Le 6e congrès du Parti communiste cubain – le premier depuis 1997 – s’est ouvert, samedi, à La Havane. À l’ordre du jour, l’adoption des réformes économiques. Les mille délégués présents ont voté 311 mesures censées « actualiser » le modèle socialiste en place depuis 1961. En préambule, Raul Castro, successeur de son frère Fidel depuis 2006 à la présidence, annonçait la limitation des mandats des dirigeants à 10 ans (deux mandats de 5 ans) pour « assurer un rajeunissement systématique de toute la chaîne de responsabilité » .

Rajeunissement en effet… on apprenait mardi, à la fin du Congrès, que Raul, 80 ans bientôt, prenait la direction du parti unique en plus de ses fonctions présidentielles. Il a également appelé à « laisser de côté le formalisme, l’immobilisme et le dogmatisme » tout en rappelant que « la défense de l’indépendance, des conquêtes du socialisme, [des] rues et [des] places restera le premier devoir de tous les patriotes cubains » . Au programme de cette « rectification »  : la réduction des emplois du secteur public – qui représentent 95 % des salariés –, l’ouverture de l’économie à l’initiative privée, l’autonomie des entreprises d’État, la décentralisation de la production agroalimentaire et l’ouverture aux capitaux étrangers.

Les Cubains oscillent entre espoir et ­scepticisme. Mesure phare sur laquelle avaient principalement porté les débats populaires : la disparition de la libreta (le carnet de rationnement en place depuis 1963) « doit être une des mesures qu’il sera indispensable d’adopter dans le cadre d’une amélioration de la productivité du travail » a indiqué Raul Castro. Il a estimé qu’aucune proposition n’était « en contradiction ouverte avec l’essence du socialisme » et ne comportait de risque « d’une concentration de la propriété » . Cette spectaculaire libéralisation concernerait-elle aussi la liberté de penser, de s’exprimer et de s’organiser ?

Monde
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

IA : on n’a pas de pétrole mais on a des idées
Analyse 7 février 2025

IA : on n’a pas de pétrole mais on a des idées

Le jour de son intronisation, Donald Trump a crânement avancé son plan pour l’intelligence artificielle. De quoi décontenancer les concurrents, notamment européens, qui se voient complètement dépassés, tant l’ordre de grandeur paraît hors de leur portée.
Par Pablo Pillaud-Vivien
Gaza, le retour dans les ruines
Reportage 5 février 2025 abonné·es

Gaza, le retour dans les ruines

Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas fin janvier, près de 400 000 Palestiniens sont rentrés chez eux, dans le Nord, selon l’ONU. Des familles entières qui, après quinze mois de guerre d’une violence extrême, sont à nouveau plongées dans un désastre humanitaire.
Par Alice Froussard
« Aux États-Unis, l’existence des personnes trans pourrait être rendue impossible »
Entretien 4 février 2025 abonné·es

« Aux États-Unis, l’existence des personnes trans pourrait être rendue impossible »

Alors que Donald Trump multiplie les décrets transphobes, Maud Royer, présidente de l’association Toutes des femmes et autrice de Le Lobby transphobe (Textuel, 2024) revient sur le poids que ces décisions peuvent avoir dans le contexte français.
Par Hugo Boursier
Jim Acosta, « bête noire de Trump », quitte CNN : est-il déjà trop tard ?
Sur le gril 3 février 2025

Jim Acosta, « bête noire de Trump », quitte CNN : est-il déjà trop tard ?

Le célèbre journaliste a préféré démissionner qu’être rétrogradé par la chaîne d’information. Les mots qu’il a prononcés en direct sonnent comme un cri de ralliement face à l’ère fasciste qu’annonce le second mandat du 47e président des États-Unis.
Par Pauline Bock