Le trésor des jours

Un conte iranien sur l’objet du rêve dans le quotidien d’un enfant.

Ingrid Merckx  • 7 avril 2011 abonné·es

La semaine commence un samedi. Le texte par : « Un petit garçon quitte sa maison très tôt le matin… » Et le dessin par une illustration non de l’enfant mais de sa découverte : une bouteille « qu’une vague vient de déposer sur le sable » . Sur une double page bleu-vert, trois séries d’ondulations crémeuses s’étirent, régulières. Sur leur dessus flotte une bouteille gé­ante vers laquelle remontent des petits poissons qu’on dirait découpés dans du papier sombre.
Sur la double page suivante, la bouteille, verticale, a libéré sept jeunes plantes représentées par sept points vert, jaune, bleu, blanc, rouge, violet et noir. Sept couleurs qui reviennent tout au long de ce poème iranien construit comme un conte anaphorique.

Tous les jours, l’enfant ramasse une nouvelle bouteille et l’ouvre avec sa mère devant son petit-déjeuner. Comme dans une chanson, l’effet de répétition fait porter l’accent sur l’essentiel : le trésor jeté à la mer par le père, marin, et que la mère pose sur la fenêtre en attendant son retour. Les personnages, profils burlesques aux longs nez recourbés, passent au second plan derrière les éléments graphiques, fumée du bol et de la cheminée, damiers des tabliers et des tapis, cadrans de montre géants, ­petites flèches comme dans un schéma, ou ombre du père dans l’encadrement de la porte.
Le poète Ahmad Reza Ahmadi, pionnier du surréalisme en Iran, et la jeune artiste Rashin Kheirieh insistent sur l’objet du rêve dans le quotidien de l’enfant. Les jours se répètent, semblables, mais ce qu’ils apportent change, évolue, impressionne.

Culture
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