Priorité à l’air

Les véhicules les plus polluants pourront être interdits du centre de huit villes françaises dès 2012.

Jennifer Austruy  • 14 avril 2011 abonné·es

Deux-roues, voitures particulières, utilitaires, camions : la ministre de l’Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, vient d’annoncer son classement des véhicules les plus polluants, calqué sur les normes européennes de rejets. À partir de 2012, l’utilisation de ces véhicules pourra être restreinte à Aix-en-Provence, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon, Nice, Paris et Saint-Denis.

Ces huit agglomérations sont volontaires pour la création de « zones d’action prioritaires pour l’air » (Zapa), mesure phare du « plan particules » national lancé en 2009 par le ministère de l’Écologie, et visant principalement à réduire le taux atmosphérique de particules fines de moins de 10 millièmes de millimètre de diamètre. Très nocives pour la santé, elles sont devenues le principal sujet de préoccupation en matière de pollution atmosphérique. Chaque ville aura latitude pour expérimenter une réglementation plus stricte en matière de circulation routière – interdiction des centres-villes aux véhicules très polluants, priorité aux transports collectifs, développement de l’auto-­partage, nouvelles politiques de stationnement – et en observer les effets sur la qualité de l’air.

Avec cette annonce, Nathalie Kosciusko-Morizet réactive un plan assoupi, alors que la France a subi depuis le début de l’année plusieurs pics de pollution atmosphérique, notamment en région parisienne. La circulation routière en est la cause majeure, en raison d’un large recours au diesel, carburant dont la combustion libère beaucoup de ces particules fines. « La France est le pays où le parc automobile est le plus diésélisé en Europe parce que le diesel, grâce à une fiscalité moindre, est meilleur marché que l’essence sans plomb » , explique Anne Lassman-Trappier, membre du réseau Transports et mobilité durables. Ce qui favorise les constructeurs nationaux (Renault et Peugeot), qui se sont fait une spécialité de ce type de motorisation.

Le ministère de l’Écologie n’est probablement pas resté insensible aux résultats de la récente étude Aphekom, coordonnée par l’Institut de veille sanitaire. Menée dans douze pays européens, elle estime que le dépassement du taux de particules fines dans l’air préconisé par l’OMS se traduit par une perte d’espérance de vie d’environ six mois pour les personnes de plus de 30 ans (pathologies respiratoires et cardiovasculaires). Le respect de ce taux se traduirait par un bénéfice d’environ 300 millions d’euros par an pour chacune des 25 villes étudiées. À long terme, les émissions polluantes coûteraient aussi cher que les mesures visant à les limiter significativement. Certaines voix s’élèvent cependant pour dénoncer une politique qui pénalisera d’abord les véhicules les plus vétustes, et donc les automobilistes les plus modestes.

Écologie
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