Syrie : un pacte inavouable

Le régime fait donner les chars contre des manifestants qui ne renoncent pas. Washington menace de sanctions mais est pris au piège de sa stratégie passée.

Denis Sieffert  • 28 avril 2011 abonné·es

C’est avec des chars et des blindés que les troupes syriennes sont intervenues lundi à Deraa, dans le sud du pays, pour mater la contestation. Selon les militants des droits de l’homme, on a dénombré au moins 25 morts. Quelque 3 000 soldats avaient pris position au cours de la nuit précédente dans cette ville de 75 000 habitants située à la frontière jordanienne. Face à la manifestation, les troupes, protégées par les blindés, ont tiré « dans toutes les directions », selon des témoins. La situation est ­également dramatique à Douma, ville de 120 000 habitants, à 15 km au nord de Damas. Au total, 390 personnes auraient été tuées depuis le début de la contestation, selon les ONG étrangères et les organisations syriennes des droits de l’homme.

En dépit de discours contradictoires de Bachar Al-Assad annonçant la levée de l’état d’urgence, c’est bien le choix d’une répression massive qui a été fait dans l’appareil politico-militaire syrien. Face à cela, la communauté internationale est réduite à des menaces de sanctions économiques. Washington se préparerait à geler les avoirs des responsables syriens et à leur interdire toute relation d’affaires avec les États-Unis. La vérité, c’est que les pays occidentaux, comme d’ailleurs Israël, ont fait le choix ces dernières années d’un régime qui leur assurait, croyaient-ils, la stabilité. Sa violence réduit aujourd’hui à néant cette stratégie de la « paix armée », sans qu’il y ait d’alternative. En attendant, c’est tout un peuple qui paie de son sang un pacte inavouable.

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