Les assistés, cancer de la société française

Pauline Graulle  • 12 mai 2011 abonné·es

Le « cancer de la société française » . Le 8 mai, au micro de RMC, Laurent Wauquiez, ministre des Affaires européennes, n’y allait pas de main morte pour dénoncer les dérives de « l’assistanat » , annonçant au passage qu’il déposerait une proposition de loi pour obliger les 1,8 million d’allocataires du RSA à travailler gratis cinq heures par semaine – dans la logique « à un droit, un devoir » . Véritable pilier de la communication sarkozyenne, l’image repoussoir de « l’assisté » – accusé à demi-mot d’être fainéant et/ou fraudeur – revient abondamment dans les discours du président de la « valeur travail » et de son équipe. Le détrousseur d’argent public, c’est lui – pas l’évadé fiscal ou le patron qui abuse des subventions publiques distribuées au nom de l’emploi… Ces fraudes présumées massives justifient le flicage des chômeurs (le serpent de mer des offres d’emploi non pourvues revient à chaque hausse des chiffres du chômage), la mise en place du RSA et des contrôles qui vont avec (le complément financier versé par l’État étant envisagé comme une « carotte » pour tire-au-flanc) ou la prétendue lutte acharnée contre « les gaspillages, les abus et les fraudes » de l’assurance-maladie (comme ces salariés malades soupçonnés de piller les caisses de la Sécu). C’est toujours sous couvert de « justice sociale » que Nicolas Sarkozy titille cette ligne Maginot imaginaire entre « les salariés et ouvriers qui travaillent dur » et « celui qui est au chômage et qui a des allocations grâce à la solidarité nationale » (discours du 7 avril 2011). Une manière habile d’opposer des groupes sociaux (salariés exploités/exclus du système de production) vivant peu ou prou dans les mêmes conditions économiques et sociales, pour mieux faire oublier… la véritable lutte des classes.

Publié dans le dossier
Les boucs émissaires de Sarkozy
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