Miles Davis, toujours bleu

Richard Williams montre l’apport immense de Kind of Blue à la musique moderne.

Éric Tandy  • 5 mai 2011 abonné·es

Dans un paragraphe de son Miles in Blue , le journaliste britannique Richard Williams ( Times, Guardian, Melody Maker ) explique comment, à l’âge de 16 ans, il découvrit Kind of Blue et comment ce 33 tours, le plus vendu de l’histoire du jazz, transforma sa perception de la musique, tous genres confondus. Il ne fut pas le seul à être ainsi bouleversé par ce tournant historique, paru en 1959, que Miles Davis avait mûri patiemment. Les étapes de l’évolution musicale du musicien sont d’ailleurs admirablement racontées dans le livre, mais ce sont surtout les pages consacrées à l’influence de l’album sur la musique de la seconde partie du XXe siècle qui rendent la lecture passionnante, que l’on soit néophyte ou spécialiste.

Miles in Blue (sous-titré Du Velvet à ECM, l’onde de choc Kind of Blue ) va en effet très loin dans sa recherche de correspondances. En partant du contenu, mais aussi de l’esthétique (un passage sur la difficile acceptation de la couleur bleue par l’Occident est très instructif) de ce disque novateur, l’auteur fait le lien avec des compositeurs avant-gardistes comme John Cage ou Terry Riley, et prolonge son analyse vers le rock libéré du Velvet Undergound ou l’ambiant de Brian Eno. Il n’oublie pas non plus les enregistrements épurés du label ECM. Leurs sonorités si particulières découlant directement de l’idée de Miles Davis selon laquelle le silence fait partie intégrante de la composition.

Culture
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