«Y’a Bon Awards 2011» : Ménard, Zemmour et Lancar reçoivent une banane d’or

Les Indivisibles remettaient lundi soir leurs troisièmes «Y’a Bon Awards» récompensant les plus beaux préjugés racistes. Ou comment utiliser l’humour pour tenter de combattre le racisme qui s’installe au plus haut niveau de l’État.

Erwan Manac'h  • 24 mai 2011
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«Y’a Bon Awards 2011» : Ménard, Zemmour et Lancar reçoivent une banane d’or
© Photo : capture d'écran http://lesindivisibles.fr/

Les remises de prix ont ceci d’intéressant qu’elles permettent de sortir de l’oubli des dérapages restés sans conséquences pour leurs auteurs. Derrière les Zemmour, Hortefeux et Lancar, icônes attendues du racisme ordinaire dans l’ère du temps, on découvre des propos toujours plus décomplexés, tous piochés dans les arcanes du PAF.

Les Indivisibles, « Français sans commentaire » , association créée il y a cinq ans pour porter un nouveau discours antiraciste, tenait lundi 23 mai sa troisième soirée annuelle de remise des Y’a Bon Awards, au Cabaret sauvage à Paris. Entre la remise de la banane d’or du meilleur « la France aux Français » ou du « meilleur espoir », les intermèdes comiques font monter la mayonnaise derrière une fine équipe, piochée elle aussi dans le paysage audiovisuel français.

Les blagues sont franchement racistes, mais tout le monde en prend pour son grade. Rire de tout le monde, surtout de soi, et rire beaucoup : c’est le parti pris de l’équipe des Indivisibles. Dans la lignée du Jamel Comédie Club, ils tentent de tourner en ridicule les préjugés racistes. Du «feuj’» radin au Chinois « vermicelle » discret, en passant par le Noir polygame et consanguin, le Rom mendiant ou le flic raciste… tous les « ramassis de préjugés ethnoraciaux » y passent. Plus le raccourci raciste est grossier, plus la salle du Cabaret sauvage s’amuse. La mécanique fonctionne, même si l’on rit jaune par moment.

La foule exulte d’indignation à l’audition des nominés dans la catégorie « les Envahisseurs III ». Bruno Larebière, rédacteur en chef du journal Minute , invité de Robert Ménard sur i-Télé le 16 juin 2010 : « Je me demande s’il n’était pas plus facile de circuler en 1940 sous occupation allemande que de circuler à la Goutte d’Or un vendredi » (Voir la vidéo, 4’11). Et le dirigeant du Bloc identitaire de sortir un saucisson de la poche intérieure de sa veste de costume : « La résistance française, M. Ménard, c’est cela… un saucisson. »  (vidéo 9’30)

Notre reportage, lundi 24 mai au Cabaret sauvage:

Dans la catégorie « Finalement c’est pas si dur de dire un truc raciste », c’est le parfumeur Jean-Paul Guerlain qui a été primé pour ses propos tenus sur France 2 le 15 octobre 2010 : « Pour une fois, je me suis mis à travailler comme un nègre. Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin… »

Robert Ménard a reçu la Banane d’Or « l’Islam ne passera pas par moi » pour son « je n’ai pas envie qu’il y ait autant de mosquées que d’églises dans mon pays » (RTL le 14/12/2010).

Enfin, « pour l’ensemble de son œuvre », Eric Zemmour a été décoré, en concurrence cette année avec Robert Ménard, Claude Guéant et Brice Hortefeux.

Société
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