Au service de quelle société ?

Plusieurs organisations ont lancé un appel pour se démarquer du modèle du social business.

Thierry Brun  • 16 juin 2011 abonné·es

Un appel rendu public avant les états généraux de l’économie sociale et solidaire (ESS) a été l’occasion d’un rapprochement inédit entre organisations de l’ESS. Un certain nombre d’entre elles [^2] ont en effet tiré le signal d’alarme autour de l’orientation des débats et d’un courant d’entrepreneurs sociaux prônant un social business, c’est-à-dire un marché qui serait l’acteur dominant et ferait de l’économie sociale un nouveau capitalisme destiné à servir les besoins les plus criants de l’humanité. L’appel intitulé « Économie sociale et solidaire, changement d’échelle, mille fois oui, mais au service de quelle société ? » estime crucial de débattre sur « les voies et les moyens du changement d’échelle » .

L’association Minga, qui regroupe des entreprises, des associations et des particuliers agissant pour une économie plus équitable, en est à l’origine [^3]. Les signataires rappellent que, « depuis plusieurs décennies les acteurs de l’économie sociale et solidaire apportent la preuve qu’il est possible de conjuguer économie, solidarités et biens communs. En implantant la démocratie au cœur de l’économie, ils s’opposent à la logique exclusive et excluante de l’optimisation du rendement financier à court terme qui régit l’économie dominante, et ils résistent à l’emprise croissante de l’économie souterraine, criminelle et mafieuse » . Ils partagent la volonté de changer d’échelle dans le cadre des états généraux, mais, pour eux, se joue aussi « pour une large part un ralliement-reniement à l’idéologie du social business ou bien l’affirmation renouvelée des valeurs fondatrices de résistance, d’initiatives et d’innovations citoyennes qui sont la marque de fabrique de l’économie sociale et solidaire, et qui lui donnent tout son sens, sa pertinence, son attractivité et son efficacité » . Les organisations préviennent aussi que les états généraux « seront un exercice démocratique fondateur s’ils concourent à lancer le débat en l’ouvrant largement à l’intérieur comme à l’extérieur de l’ESS   ».

[^2]: Minga, Coopaname, la chambre régionale de l’économie sociale du Poitou-Charentes, le Mouvement pour l’économie solidaire (MES), la Fédération nationale de l’agriculture biologique (Fnab) et la Fédération associative pour le développement de l’emploi agricole et rural (Fadear) figurent parmi les premiers signataires de l’appel.

[^3]: On peut lire et signer l’appel sur le site de Minga (www.minga.net).

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