Cinq mois de combat

Par la plume et le dessin, Brouck nous emmène à la rencontre de familles roms à Ivry, alors qu’un concert de soutien a eu lieu le 16 juin.

Lionel Brouck  • 23 juin 2011 abonné·es

Dimanche 6 février 2011, à Ivry-sur-Seine, un homme meurt dans l’incendie de cabanes occupées par des familles essentiellement roms, le jour même où l’on commémorait à Orly l’anniversaire de la mort de deux enfants roms, Stefan et Francesca, décédés dans les mêmes conditions un an auparavant. Dans l’urgence, la centaine de victimes de l’incendie (qui ont perdu effets personnels et papiers) sont accueillies dans un gymnase prêté par la ville d’Ivry. Un collectif d’Ivryens, aux bonnes volontés très diverses, se crée pour assurer le nécessaire élémentaire.


Le 15 février, les Roumains s’installent sur un terrain en friche, inoccupé depuis plus de quinze ans, qui appartient à l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris). La ville d’Ivry installe des tentes, des sanitaires, opère un branchement d’eau, assure le ramassage des ordures. Le collectif, avec l’aide de la ville, prend en charge les problèmes sanitaires (vaccinations, prévention générale) ainsi que la scolarisation des enfants. Des cours de langue française pour ados et adultes sont organisés.


Deux mois plus tard, le 9 avril, une journée de solidarité « tsigane » est organisée par le comité de soutien d’Ivry, où se produit bénévolement le cirque Romanès. D’autres artistes y participent, plus de 500 personnes sont présentes dans une ambiance des plus conviviales.


Dans l’incendie du 6 février, ** un des accordéonistes roms, qui tirait ses revenus de sa musique et envoyait de l’argent à ses enfants restés en Roumanie, avait perdu son accordéon. Informé par un membre de son groupe ayant prêté un de ses instruments au musicien roumain, Titi Robin décide d’offrir un concert de solidarité en faveur des Roms d’Ivry.
Ce 16 juin, Titi Robin et son ensemble sont donc venus jouer avec l’accordéoniste roumain sur le terrain d’Ivry, puis ont donné un concert à la salle du Hangar, devant plus de 300 spectateurs. La recette de ce concert a été reversée au collectif de soutien en faveur des actions sanitaires et scolaires urgentes.


Pour autant, la solidarité ne suffit pas à régler tous les problèmes. Ces Roumains — donc européens — sont soumis à « des mesures transitoires » (accès à l’emploi pratiquement impossible avant 2014) et sont privés de leurs droits fondamentaux, comme l’accès à l’éducation, à la santé et au logement. Les élus locaux et départementaux se sont adressés au préfet pour lui demander une table ronde avec les Roumains et leurs soutiens, afin que des propositions de vie dignes et pérennes soient trouvées de toute urgence.
Aujourd’hui, ces personnes sont dans la crainte d’être expulsées du terrain qu’elles occupent et vivent dans des conditions dures et dégradantes, reconnues comme telles par tous les rapports émanant des ONG ou de l’Union européenne elle-même.

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