Cohn-Bendit (dit qu’il) se retire

Sa motion étant arrivée loin derrière celle de Cécile Duflot, Dany se recentre sur son mandat européen. Mais il ne se désintéressera pas de la vie politique française.

Patrick Piro  • 2 juin 2011 abonné·es

Le député européen Dany Cohn-Bendit n’ira pas à La Rochelle assister à la consécration de Cécile Duflot. Les observateurs s’attendent à d’autres gestes d’humeur d’ici au congrès fédéral d’EELV, estimant que le modeste résultat de sa motion, le 29 mai, est humiliant pour lui, alors que la rumeur le voyait menacer la secrétaire nationale. Auto-intoxication ? Mauvais conseils de son entourage ? Erreurs tactiques, sûrement. Il entendait dénoncer un manque d’ouverture du mouvement et de collégialité pour sa direction. Mais la plupart des cadres écologistes soutenaient une reconduction de Cécile Duflot au secrétariat national… y compris lui-même ! Car Cohn-Bendit n’ambitionnait pas de conquérir le poste (il répugne aux tâches d’appareils), non plus que d’imposer sa seconde de liste, Marie Bové, tout au plus de peser sur les équilibres de la future direction : ce manque de lisibilité, « voire de respect pour les militants », juge Jérôme Gleize, l’a incontestablement desservi, tout comme d’avoir plaidé en faveur du retrait de la candidature écologiste au premier tour de la présidentielle (sous la menace d’une présence de Marine Le Pen au second tour), et soutenu celle de Dominique Strauss-Kahn. « Il gueulait contre l’état-major, mais sans guère avancer de propositions constructives ; ça lasse les militants » , lâche un ex-cadre Vert.

Depuis le succès historique d’EELV aux élections européennes de 2009, Dany Cohn-Bendit persistait à jouer les mouches du coche afin de contrecarrer les tentations de repli du mouvement dont il est l’instigateur, redoutant en permanence une mainmise des anciens Verts, poussant sans relâche son idée un peu romantique de « coopérative politique » grande ouverte sur la société, mais dont le fonctionnement reste flou. Il n’a pas réussi dans son entreprise, ni à convaincre qu’EELV était en péril.

Dany Cohn-Bendit a annoncé dimanche dernier qu’il allait désormais entièrement se consacrer à son mandat européen. Il s’éloigne donc, mais seulement du versant institutionnel du mouvement écologiste. Rien n’indique qu’il se désintéressera de la politique française, bien au contraire. Il continuera d’y occuper cette position singulière de mentor autoproclamé, toujours très populaire auprès d’écologistes qui s’évertuent à faire la part entre ses fructueuses intuitions et ses foucades.

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Places de la résistance
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