FMI : avec Aurélie Trouvé, une autre candidature est-elle possible?

La co-présidente d’Attac, Aurélie Trouvé, se porte candidate à la présidence du Fonds monétaire international pour dénoncer la gestion actuelle de la finance mondiale. Une occasion de rappeler les solutions défendues par les organisations citoyennes.

Erwan Manac'h  • 7 juin 2011
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FMI : avec Aurélie Trouvé, une autre candidature est-elle possible?
© Photos : Michel Soudais. Une : AFP / Mandel Ngan

Elle n’a aucune chance et veut le faire savoir. Aurélie Trouvé, économiste altermondialiste de 31 ans, membre du conseil scientifique d’Attac et spécialiste des marchés agricoles, n’as pas le profil-type d’une directrice du FMI. En se déclarant candidate à la succession de Dominique Strauss-Kahn, elle espère simplement faire exister une voix dissonante dans une campagne qui se profile dans l’entre-soi de la finance mondiale.

Pour accéder à la tête du FMI, il faudrait que la co-présidente du réseau altermondialiste obtienne le parrainage d’un des administrateurs nationaux du Fonds, nommés par chaque État. Et il semble difficile de compter sur l’émissaire française, qui n’est autre que Christine Lagarde, ministre de l’Économie et candidate déclarée à la présidence de l’institution…

Illustration - FMI : avec Aurélie Trouvé, une autre candidature est-elle possible?

Attac espère surtout pointer du doigt la défaillance démocratique du FMI. Tous les candidats, y compris ceux des pays émergents, sont les tenants du libéralisme financier. «  Le Brésilien, pour ne prendre qu’un exemple, est directeur du fonds d’investissement de George Soro ** [financier milliardaire américain], explique Aurélie Trouvé à Politis.fr. Il vient de vendre son hedge funds *. Le candidat canadien a travaillé pendant 13 ans pour Goldman Sachs. »* Elle dénonce aussi une gestion « anti-démocratique » de l’institution internationale, «  qui fonctionne sur le principe : 1 dollar = 1 voix » et exclu les pays pauvres et émergents.

Le message aura donc le mérite d’exister, contre la gestion du FMI devenu depuis 2008 le principal gestionnaire de la crise financière. « Le G20 a accru les marges de manœuvre du FMI avec une réponse extrêmement néolibérale , analyse Aurélie Trouvé. Pendant le mandat de Dominique Strauss-Kahn, le FMI a mis en place des plans d’austérité draconiens et a répété les plans d’ajustements structurels que les pays du sud ont subi à partir des années 1980» . Cette candidature est donc surtout l’occasion pour l’association de rappeler les solutions précises qu’elle préconise depuis 13 ans.

Le point avec la candidate :

Les propositions d’Attac pour une autre finance mondiale :

  • Stopper les plans d’austérité ****

« Ils sont aussi inefficaces qu’injustes, car cela fait payer aux citoyens la crise provoquée par la dérégulation financière. Ils aboutissent sur un transfert de richesses des salariés, retraités et chômeurs vers les financiers qui spéculent sur la dette publique et engrangent des profits énormes.

Pour sortir de l’endettement, il faut mettre à contribution les pays créditeurs, qui sont tout aussi responsables de la dette. C’est Keynes qui, déjà en son temps, proposait une cogestion et une coresponsabilité des créditeurs et des débiteurs dans le cadre du FMI. L’Allemagne comme la Chine ont par exemple aujourd’hui une politique de concurrence déloyale avec des bas salaires. Ils doivent relancer leur consommation interne avec des mesures de redistribution des richesses.  »

  • Une régulation stricte de la finance pour éviter une nouvelle crise financière

« Une taxation des transactions financières permettrait de désarmer les marchés financiers et éviter de nouvelles crises financières similaires à celle de 2008. »

  • Mettre les questions environnementales au cœur des objectifs du FMI

« Les politiques économiques doivent prendre en compte les questions environnementales au même niveau que la question sociale. La taxe sur les transactions financières permettrait de reverser des fonds importants vers des mesures allant en ce sens. »

  • Agir pour rééquilibrer l’économie internationale

« À l’heure actuelle, la priorité est de combattre l’inflation, pour le plus grand bien des gros détenteurs de capitaux. Il faut rétablir un équilibre commercial et budgétaire pour une mondialisation harmonieuse. Cela passe par une politique monétaire, sur les taux de changes, au service de l’équilibre. Il faut aussi viser une harmonisation vers le haut des règles sociales et environnementales.

La Chine, qui a une monnaie sous-évaluée, doit repenser sa politique monétaire et sa politique de bas salaires. D’un autre côté, les États-Unis, qui ont un déficit commercial immense, doivent renoncer à leur hégémonie en matière monétaire avec le dollar en allant vers une monnaie alternative mondiale. »

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Aurélie Trouvé, Assises pour le changement de Politis, nov. 2009


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