Nicolas Hulot : « J’ai choisi de tout sacrifier pour le combat écologique »

Avant le troisième débat de la primaire écologiste, mercredi à Lille, Politis.fr publie une série d’interviews avec les quatre candidats à l’investiture EELV. Deuxième volet, à la suite d’Eva Joly: Nicolas Hulot, interrogé après le débat du 9 juin, à Paris.

Erwan Manac'h  • 13 juin 2011
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Nicolas Hulot : « J’ai choisi de tout sacrifier pour le combat écologique »
© Photo : Rémy Gabalda / AFP

Politis.fr : vous n’êtes pas un militant «vert» historique, est-ce une faiblesse pour votre candidature ?

Nicolas Hulot : non, car Europe-écologie est un mouvement ouvert. Cela fonctionne très bien à partir du moment où les valeurs sont partagées, pour moi comme pour Eva Joly. L’ouverture ne signifie pas qu’il y a des compromissions morales. Ceux qui veulent cheminer avec nous sont les bienvenus.

Qu’est-ce qui explique la tension entrevue lors du débat de ce soir [NDLR : 9 juin]  ?

L’émulation, la compétition sans doute. Mais je suis serein, je donne tout ce que j’ai pour mon combat parce que j’ai une conscience aiguë que nous sommes à l’aune de graves problèmes – pour employer un euphémisme – et que malheureusement, nous sommes les seuls à analyser ces menaces et à les prendre de front.

Je n’ai pas de prétention, mais il faut avoir de l’ambition, car l’écologie est une vision de la société. Autrefois il n’y avait pas cette coïncidence, l’écologie était quelque chose d’assez abstrait ou une préoccupation marginale. Mais l’écologie n’a pas qu’un aspect environnemental, il y a l’aspect social, démocratique, un modèle agricole, un modèle énergétique.

Nous sortons, dans tous les domaines, de l’orthodoxie actuelle, parce que c’est le conformisme qui fait que les crises se répètent. On s’entête dans un même modèle en reproduisant les mêmes erreurs, comme dans une sorte d’acharnement thérapeutique pour sauver un modèle obsolète. J’ai choisi de tout sacrifier et d’abandonner ce que je faisais pour ce combat. Je ne demande rien, simplement faire gagner l’écologie.

Votre discours s’est un peu musclé, est-ce que vous faites l’apprentissage de la politique ?

Je ne vais pas me radicaliser dans les mots, je vais me radicaliser en humanité. Simplement il faut que chacun soit cohérent en terme de respect. Il faut incarner notre projet dans le débat. Je suis venu dans cette campagne car j’ai une sensibilité. Mais j’ai besoin de me protéger. J’essaie de m’appuyer sur les ondes positives qu’il y a autour de moi, dans la rue, sur tous les signes de soutien que je reçois.

Vous devrez vous positionner sur le thème de la sécurité si vous faites campagne. Vos propositions se distinguent-elles de la droite ?

Sur un certain nombre de choses, oui. Je pense qu’il faut aborder les symptômes et les causes simultanément. Il ne faut pas être angélique, parce que quand on est par exemple maire à Sevran, comme Stéphane Gatignon, et qu’il y a des balles qui traversent les trottoirs, la présence de la police est importante pour faire tampon. Mais il y a aussi la police de proximité. J’ai discuté avec des jeunes dans des « quartiers populaires » qui se font interpeller quatre fois par jour parce qu’ils fument des joints. Les policiers ont besoin de faire du chiffre. C’est le genre de choses que nous pouvons remettre à plat.

Il faut parler de ces questions sans stigmatiser ni les uns ni les autres et aborder les choses humainement. Pour prendre un exemple, je pense que si nous dépénalisons le cannabis, en affectant les moyens que nous mettons dans la répression vers la prévention et l’éducation, on libérera des forces de police pour s’occuper de la vraie criminalité.

Mais il serait trop facile de dire que tout est mauvais. Il faut garder notre discernement. C’est notre approche qui est différente. Elle est d’abord humaine. Dans le domaine de la sécurité, de la justice, de l’éducation ou de la santé. Il faut plus de moyens humains.

Quels sont vos projets vis-à-vis de la finance ?

En quelques mots, je distingue deux mondes de la finance. Le monde occulte et celui qui participe à l’économie réelle. Le monde occulte, on fera en sorte de le faire revenir dans l’économie réelle et dans la solidarité.

Êtes-vous anticapitaliste ?

Oui !

Politique
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