Ravalement de façade

Un rapport salue les effets de la rénovation urbaine, mais la politique de la ville reste en souffrance.

Ingrid Merckx  • 23 juin 2011 abonné·es

Le 13 juin, l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU) publie une enquête de satisfaction commandée au CSA. « Sur les rénovations entreprises, les habitants des quartiers bénéficiaires se montrent très satisfaits (69 %) », indique ce document, qui croise les réponses de 801 habitants des 100 premières communes sous convention ANRU, et de 502 habitants des 100 premiers quartiers en rénovation sous convention ANRU.

« L’adhésion est élevée » se félicite l’agence, et pas seulement auprès des quartiers concernés. Ainsi, le programme de rénovation « fédère l’opinion des différentes catégories de population » et « parvient également à donner confiance dans la capacité du politique à agir pour améliorer la vie quotidienne. » Seul bémol : « Malgré tous les espoirs qu’il suscite, [il] ne peut pas résoudre toutes les difficultés et lisser complètement les différences sociales entre les quartiers. »


C’est peu de le dire : le 23 mai, les élus urbains s’alarmaient dans un communiqué du « décrochage social » de nombreux quartiers, de « l’abandon de la politique de la ville », de la « réduction programmée » des engagements de l’État et des « effets d’annonce sans traduction positive pour les huit millions d’habitants concernés ». Comment expliquer un tel écart ? Soit la rénovation urbaine continue à se penser indépendamment de la politique de la ville, soit elle lui sert d’alibi. « Saluant les avancées de la rénovation urbaine depuis 2004, les élus urbains n’en souhaitent pas moins pour l’avenir des inflexions significatives », précisaient les élus : « plus forte mixité sociale dans les processus de relogement, meilleur équilibre entre démolition et réhabilitation, traitement approprié des copropriétés dégradées… ».


De son côté, le 14 juin, le maire de Paris rappelait la baisse de 20 % en 2011 du budget national politique de la ville, l’échec du plan « Espoir banlieue », le manque d’ambition des contrats urbains de cohésion sociale et la chute des subventions aux associations de quartiers populaires : – 50 % à Paris, qui compte 14 quartiers « politique de la ville » sur 200 très prioritaires en France. « Il faudrait que les solidarités nationales et locales s’additionnent au lieu de se soustraire », déplore Gisèle Stievenard, adjointe de Bertrand Delanoë, maire de Paris. Dans l’appel de Nantes, signé le 15 avril, les villes et les quartiers populaires, inquiets, réclamaient la tenue d’États généraux de la politique de la ville avant la fin de l’année.

Société
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