Un « Petit Bain » en bord de scène ?

Ingrid Merckx  • 6 juillet 2011
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Un « Petit Bain » en bord de scène ?
© Photos (sauf mention) : Ingrid Merckx

Pour une fois, il n’y avait pas grand monde devant Joséphine Baker. Piscine découverte mais souvent blindée et souvent fermée, amarrée aux pieds de la bibliothèque François Mitterrand, dans le XIIIe arrondissement de Paris. On patientait devant la péniche voisine, opportunément nommée « Petit Bain », qui sabrait le champagne (avec du pétillant sans additifs) ce 5 juillet au soir, avant une ouverture au public aujourd’hui, 6 juillet.

Illustration - Un « Petit Bain » en bord de scène ?

Des trentenaires et quarantenaires majoritairement, surtout des professionnels invités, s’apprêtaient à monter à bord, accompagnés d’enfants parfois, curieux de découvrir ce nouvel espace de réjouissances sur le désormais fameux Port de la gare. Cette ancienne zone industrielle, lieu de concerts underground nichés entre Les Frigos, la Guinguette pirate et le Batofar, est devenue assez branchée en quinze ans. « Un modèle du développement des berges » , se réjouit Philippe Moine, adjoint à la culture du XIIIe.

C’est d’ailleurs en réponse à un appel d’offre du Port autonome que l’association La Guinguette pirate a monté le projet Petit Bain. Il y a quelques années, celle-ci avait dû céder sa jolie jonque chinoise à une autre équipe qui l’a rebaptisée La Dame de Canton après travaux. Toujours active dans le quartier, à travers notamment le festival « Sous la plage » et des activités de jardins partagés, La Guinguette pirate restait en mal d’embarcation.

Avec Petit bain, elle se remet à flot avec un nouveau projet : « De la musique, un restaurant, une terrasse, du jardinage, le tout flottant, avec des passerelles… il fallait concilier toutes ces envies à la fois … » , résume Julien Choppin, l’un des jeunes architectes du collectif Encore Heureux qui signent ici leur premier projet construit. Une barge bois et métal dedans, grise et jaune dehors, « une couleur joyeuse pour quand le gris va foncer… »

Illustration - Un « Petit Bain » en bord de scène ?

Photo : Vinciane Verguethen

Au niveau du quai : une salle de restaurant, cœur de la politique d’insertion de Petit Bain, qui est en train de se convertir en coopérative culturelle (Scic), avec des hublots ouvrant directement sur la Seine et une petite terrasse attenante. À l’étage, une plus grande terrasse avec un bar et des petites tables isolées entre des baignoires (récupérées dans un immeuble en déconstruction de Romainville !) où flottent des plantes tropicales. Et une salle de concert de 450 places dans un sous-sol sombre qui ferait presque oublier que l’on est sous le niveau de la Seine, s’il n’y avait, de temps à autre, une impression de léger tangage ne devant rien à l’alcool.

Originalité : c’est du hublot qui se trouve dans les sanitaires (assez chics) que l’on a la plus jolie vue plongeante sur la salle de concert. Histoire de ne pas perdre une miette du spectacle quand on fait la queue…

« I hate World Music » , met en avant Petit Bain, reprenant le slogan de David Byrne (chanteur, guitariste et fondateur écossais du groupe new wave Talking Heads), pour présenter une programmation pourtant « world et musiques actuelles », entre « culture locale » et « pop mondiale ». « Qui ne sera pas en concurrence avec les péniches voisines, il y a de la place tout le monde ! » . Et qui entend privilégier les groupes émergents.

Pour ouvrir le bal du soir : du Punk tropical avec les rockeuses de Kumbia queers (« des textes franchement « queers », évoquant des « îles remplies de lesbiennes magnifiques ») suivies du DJ britannique Hugo Mendez.

« On entend élargir notre activité d’insertion du restaurant à la salle de concert » , glisse Anne-Catherin Dupuy, présidente de l’association. 10 euros pour l’inauguration, entre 11 et 15 euros pour les prix d’entrées, avec des système d’abonnements intéressants, notamment pour les habitants de l’arrondissement, Petit Bain se veut accessible. Reste à savoir si elle le sera aussi pour les musiciens, en particulier les jeunes, qui ont du mal à se produire à Paris.

« Voici un projet innovant, adapté aux jeunes artistes qui vont pouvoir barboter et faire quelques longueurs avant de se lancer dans le grand bain parmi les squales… », estime Jacques Renard. Si c’est le directeur du Centre national de la chanson, des variétés et du jazz qui le garantit… À suivre. En attendant, le programme de juillet est consultable ici :

Programme Petit Bain juillet

Culture
Temps de lecture : 4 minutes
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