Les astuces de Grégory

Enseignant stagiaire et remplaçant à Meaux cette année, Grégory Clavel s’en est sorti à l’arrache, avec l’aide de ses collègues.

Ingrid Merckx  • 1 septembre 2011 abonné·es

Jusqu’à la Toussaint, ça allait. Grégory Clavel, 28 ans, affecté à Meaux, était dans la classe d’un maître formateur avec un autre enseignant stagiaire. « C’était un double niveau avec des première et deuxième années de maternelle. Il faisait cours, on l’assistait. Il nous faisait des retours à l’heure du déjeuner et le soir. En même temps, on allait le mercredi ou le jeudi à l’IUFM (Institut de formation des maîtres). Comme ça pendant six, sept semaines. Une bonne manière de se mettre dans le bain ! » Mais, dès la fin octobre, Grégory s’est retrouvé « prof remplaçant » sur une des deux circonscriptions de la ville, secteur qui couvre une vingtaine d’établissements. Et là, plus rien : ni IUFM ni maître formateur jusqu’en mars. Il a eu « le sentiment d’être lâché » et s’est senti « très seul ». « Quand on remplace dans une école une seule journée, on échange peu avec les autres profs, et on ne peut pas évaluer le résultat du travail avec les élèves. Je n’arrivais pas à savoir en rentrant le soir si ce que j’avais fait dans la journée était correct. » Il s’est débrouillé en « préparant une petite valise dans la tête avec des activités type pour chaque niveau. Arriver en classe, faire asseoir tout le monde. Demander de préparer des étiquettes prénoms et mettre tout de suite les élèves au travail pour qu’ils se sentent pris en main. ça laisse alors un peu de temps pour consulter le journal de l’enseignant… » Outil indispensable pour le remplaçant.


Au printemps, Grégory a remplacé un congé maternité. « Enfin, j’ai pu travailler plus longtemps avec la même classe ! » Il s’est vite aperçu que la formation qu’il avait reçue ne suffisait pas. « Je me suis appuyé sur mon expérience : avant de passer le concours d’enseignant, en interne, je faisais des études de sciences de l’éducation en cours du soir et j’étais assistant pédagogique dans un réseau ambition réussite. Ça m’a permis de développer de petites astuces… »
 Il évoque le travail autour d’un album. En IUFM, la formation ad hoc était concentrée sur trois heures : « Une heure et demie d’apports théoriques, une heure et demie pour monter une séance et faire un bilan… » Trop peu. Quand il a dû la monter, Grégory s’est senti en difficulté. « Je savais comment préparer cette activité mais j’ai eu du mal à trouver comment tenir les objectifs dans la durée. Par moments, j’allais trop vite ; à d’autres, pas assez… »

Le jeune homme a fait appel à d’anciens collègues et effectué des recherches sur des sites spécialisés. Et il a pu travailler en binôme avec un enseignant du même établissement qui avait une classe du même niveau. « On préparait ensemble tous les après-midi. Mais ce genre d’organisation est laissé à l’initiative des profs. Les lauréats de cette année n’auront même pas les six semaines avec maître formateur dont j’ai bénéficié pour démarrer : si on ne peut pas revenir à quatre jours de formation par semaine en première année, il faudrait préserver au moins deux jours ! » À la rentrée, il sera de nouveau remplaçant à Meaux. Prêt, tous les jours à 8 h 20, chez lui ou dans sa voiture, son téléphone à la main, à partir pour l’école ayant besoin d’un remplaçant au pied levé.

Publié dans le dossier
Les jeunes profs au casse-pipe
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