L’offensive palestinienne

L’Autorité palestinienne s’adressera le 23 septembre aux Nations unies pour obtenir l’adhésion de la Palestine. La population est partagée entre scepticisme et inquiétude. La démarche aura au moins le mérite de redonner une dimension internationale au conflit.

Denis Sieffert  • 15 septembre 2011
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L’offensive palestinienne
© Photo : AFP / Belga

C’est une offensive diplomatique de grande envergure que lance ces jours-ci l’Autorité palestinienne. Après bien des compromis, et parfois des compromissions, Mahmoud Abbas va en effet tenter d’obtenir l’adhésion de l’État palestinien à l’Organisation des Nations unies. Ce sera la grande affaire de la 66e session de l’ONU à partir de mardi prochain, 20 septembre. Ce jour-là, les dirigeants palestiniens déposeront un projet de résolution qui sera soumis à l’Assemblée générale des Nations unies. Quelque 120 États sur les 193 que compte l’ONU ont déjà fait savoir qu’ils appuieraient cette demande. Mais deux énormes points d’interrogation subsistent : quelle sera la position des pays membres de l’Union européenne, et en particulier de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne ? Et quelle sera l’attitude des États-Unis ?


Même si l’administration Obama a déjà fait savoir que les États-Unis poseront leur veto, un blocage américain serait rendu difficile si les principales puissances européennes acceptaient l’adhésion palestinienne. Les efforts de Barack Obama pour tisser de nouveaux liens avec le monde arabe seraient réduits à néant. La position française, à cet égard, est particulièrement attendue. Le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a récemment fait savoir que « la France prendrait ses responsabilités » si des négociations n’avaient pas repris d’ici là entre Israël et l’Autorité palestinienne. Ce qui est évidemment le cas alors que le gouvernement israélien intensifie la colonisation. Un refus français serait d’autant plus difficile qu’Israël est isolé sur la scène internationale. Voir la crise ouverte avec la Turquie, et la pression de la population égyptienne.


Certes, l’admission de la Palestine à l’ONU ne changerait rien dans l’immédiat sur le terrain, mais ouvrirait aux représentants palestiniens de nouveaux droits, et elle constituerait une cinglante défaite pour l’État hébreu. La bataille pourrait durer plusieurs semaines après le discours que Mahmoud Abbas prononcera le 23 septembre. En Palestine, où s’est rendue pour Politis Clémentine Cirillo-Allahsa, l’humeur est au scepticisme au sein d’une population tant de fois déçue depuis la fausse paix d’Oslo, en 1993.

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