Mobilisation pour Les Lilas

La maternité de l’est parisien est menacée de fermeture.

Noëlle Guillon  • 29 septembre 2011 abonné·es

Samedi 24 septembre, le coup d’envoi de la bataille de la maternité des Lilas est donné. L’établissement fétiche de la banlieue Est de Paris (Seine-Saint-Denis), menacé de regroupement avec un pôle privé à Bagnolet, fait figure de double symbole : fer de lance de la lutte contre la réforme des hôpitaux (loi HPST), il incarne à la fois le droit à l’avortement et le droit de choisir ses conditions d’accouchement. « C’est une cause locale mais aussi nationale » , estime Michel Antony, président de la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité.

Avec 1 700 naissances et 1 200 interruptions volontaires de grossesse par an, la maternité des Lilas, ouverte en 1964, portait un projet de reconstruction dont Roselyne Bachelot, alors ministre de la Santé, avait pris acte en 2009. Coup de tonnerre en juin 2011, l’ARS bloque la reconstruction. « Situation inédite, le projet a été interrompu alors que la première pierre allait être posée » , constate Daniel Guiraud, maire socialiste de la ville.

Ambiance préélectorale oblige, la manifestation nationale organisée le 24 septembre a vu affluer les soutiens politiques (Marie-George Buffet, Eva Joly, Arnaud Montebourg, Jean-Luc Mélenchon, Arlette Laguiller)
mais aussi d’artistes (Catherine Ringer, venue en voisine). Plusieurs centaines de personnes en tout.

« On ne s’attaque pas à n’importe quelle maternité, on choisit délibérément celle qui porte l’histoire du droit des femmes ! » , souligne Harlem Désir, premier secrétaire du Parti socialiste par intérim. « On ne travaille pas aux Lilas par hasard , confie Frédérique Goualard, sage-femme. Notre accompagnement des couples se veut singularisé : ils choisissent leur préparation à la naissance, leur accouchement… » L’accouchement est d’abord considéré comme un acte physiologique et non pathologique, à l’opposé des « usines à bébés ».

Dans les rues des Lilas, on veut croire aux services de proximité. « Je suis née dans cette maternité. Je veux que ma fille puisse un jour choisir d’y accoucher » , dit Émilie, une jeune habitante. « Nous attendons la réaction de l’ARS. Nous prévoyons des actions plus corsées à Paris » , prévient Marie-Laure Brival, chef de service en gynécologie-obstétrique et présidente du collectif de soutien, à l’issue du rassemblement. Le bras de fer ne fait que commencer.

Société
Temps de lecture : 2 minutes