Un sombre tableau de chasse

Dans son ouvrage, Pierre Athanaze décrit un monde d’une autre époque, avec braconnages intensifs, centaines d’accidents mortels, et les plus longues périodes de chasse autorisée d’Europe…

Patrick Piro  • 22 septembre 2011 abonné·es

Édifiant. Les excès et les infractions des chasseurs sont notoires, depuis longtemps, mais les voir compilés, répertoriés, documentés dans un ouvrage très complet laisse sonné : le  Livre noir de la chasse, massacres et abus de pouvoir , de Pierre Athanaze [^2], expose un monde confit dans des traditions frustes et délétères, entre la survivance de pratiques écœurantes mais légales (déterrages de blaireaux, massacres de foulques, carnage d’oiseaux affaiblis par le froid…), les braconnages intensifs et institutionnalisés au vu et au su d’autorités locales complices – vingt-cinq ans de tir au pigeon au col de l’Escrinet, près de quarante ans de
carton illégal sur les tourterelles en Médoc, capture des ortolans, espèce protégée… –, les débordements de tous ordres, les centaines d’accidents mortels et le soin laissé aux chasseurs de s’autodiscipliner.

C’est que la chasse reste un des plus puissants lobbies de France, bien que ses troupes se réduisent chaque année, avec une organisation et des relais ramifiés jusqu’au plus profond des départements. Les chasseurs ont fait plier tous les gouvernements de la Ve République. La France, où ils ne représentent plus que 1,9 % de la population, est une exception en Europe : les plus longues périodes de chasse, autorisée tous les jours de la semaine, sur 90 espèces, et sur les terrains d’autrui… 

Il ne fallait pas attendre de complaisance de la part du président de l’Aspas. Cependant, ce n’est pas un pamphlet qu’il livre. Les faits sont tous référencés, et l’auteur, qui a siégé dans des instances nationales s’occupant de faune sauvage, affiche une grande expérience du monde cynégétique. Craint-il la diffamation ? « J’ai des quintaux de documents pour justifier chaque ligne. » Côté FNC, on explique vouloir prendre son temps avant de réagir.

[^2]: Éditions Sang de la terre, 284 p., 21 euros.

Écologie
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