Une opération vérité

L’initiative d’Abbas devrait contraindre les grandes puissances à se démasquer. Notamment la France, qui propose encore des solutions dilatoires.

Denis Sieffert  • 29 septembre 2011 abonné·es

Le Conseil de sécurité des Nations unies s’est donc emparé lundi de la demande d’adhésion d’un État palestinien présentée trois jours plus tôt par Mahmoud Abbas devant l’Assemblée générale de l’ONU. L’examen peut durer plusieurs semaines. Avant de statuer, les membres du Conseil de sécurité ne manqueront pas de demander au président de l’Autorité palestinienne de revoir sa copie. Ils vont s’employer à éviter un vote direct qui conduirait les États-Unis à poser leur veto. Contrairement à ce qui est souvent dit, ces tentatives de « médiation » visent moins à épargner un refus à Mahmoud Abbas – celui-ci a, dès le début, intégré l’hypothèse du veto américain – qu’à éviter à Barack Obama une situation embarrassante qui le placerait à contre-courant des efforts qu’il a déployés depuis 2009 pour améliorer ses relations avec le monde arabe.

L’initiative d’Abbas est précisément une « opération vérité » pour contraindre toutes les grandes puissances à se démasquer. Dans cette affaire, la France de Nicolas Sarkozy s’efforce de jouer un rôle de premier plan. Le président français a demandé à Abbas de renoncer à un statut d’État membre pour se contenter d’un statut dit « Vatican », qui ne conférerait pas à la Palestine tous les droits, mais ne nécessiterait pas de vote du Conseil de sécurité. Mais que propose-t-on aux Palestiniens en échange de leur renoncement à une demande d’adhésion « pleine et entière » ? De rouvrir un « processus » de négociations bilatérales avec Israël, comme toujours interminable et que Tel Aviv met à profit pour continuer de coloniser. C’est ce qui se passe depuis vingt ans, et que demande une nouvelle fois Benyamin Netanyahou, la main sur le cœur.

C’est précisément à cette comédie, dont tout le monde devrait avoir compris les ressorts, que l’initiative palestinienne veut mettre un terme. La ficelle est d’autant plus grosse que Netanyahou a réaffirmé qu’il n’était pas question de « geler » la colonisation pendant une éventuelle « négociation », et que les grandes puissances – Washington en tête – se sont toujours montrées incapables d’imposer l’arrêt de la colonisation à leur allié israélien. Dans ces conditions, Mahmoud Abbas n’a vraiment aucune raison de se laisser berner une fois de plus.-

Publié dans le dossier
10 solutions pour se loger quand même
Temps de lecture : 2 minutes