Un film à bout portant

Quatrième long métrage de Jean-Marc Moutout, qui sait unir fiction et critique du capitalisme.

Christophe Kantcheff  • 6 octobre 2011 abonné·es

Dans sa maison d’une banlieue résidentielle, un matin comme un autre, Paul se prépare à partir au travail. Il embrasse sa femme encore endormie, traverse son quartier paisible, gagne en bus le siège de la banque où il travaille. Là, il [encadré]sort de sa mallette un pistolet, et tue à bout portant le directeur et son adjoint.

De bon matin, quatrième long-métrage de fiction de Jean-Marc Moutout (Violence des échanges en milieu tempéré, la Fabrique des sentiments), reconstitue ensuite le parcours de Paul. Comment en est-il arrivé là ? Mieux qu’une série d’événements – un cadre modèle déplaît à la nouvelle direction et devient la proie d’un harcèlement –, le film montre, grâce à un montage d’orfèvre, l’éveil de la conscience de cet homme et le chaos intérieur que celui-ci provoque. Jean-Pierre Darroussin, magnifique, fait corps avec ce personnage en perdition à qui il insuffle une humanité désespérée. Tandis que Jean-Marc Moutout, qui, de film en film, dévoile les effets destructeurs du néocapitalisme sur l’individu et construit ainsi une œuvre extrêmement contemporaine, préserve des zones d’ombre, chez Paul comme dans la relation que celui-ci entretient avec les autres personnages, notamment sa femme (Valérie Dréville). Ce qui confère plus d’épaisseur encore à ce film implacable.

Cinéma
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