« Honk », contre l’inhumanité

Ingrid Merckx  • 10 novembre 2011 abonné·es

À chaque fois qu’elle va en ville, Golda fait un détour par la route qui passe devant la prison. Et sur cette ligne droite qui sépare le monde des prisonniers de celui des gens libres, elle klaxonne sans discontinuer. Les détenus n’entendent pas, seulement les gardiens, paraît-il, mais ça lui plaît de les imaginer se dire : « C’est encore cette folle dans son cabriolet. »

« Klaxonner contre la peine de mort », clament les abolitionnistes dans Honk («  klaxonner  »), documentaire d’Arnaud Gaillard et Florent Vassault sur la peine capitale aux États-Unis. Ils ne sont qu’une poignée dans un océan d’indifférence… Un océan dont on mesure la profondeur lors de cette conférence de presse post-exécution, en début de film, où les autorités pénitentiaires et politiques félicitent le personnel pour le travail qui vient d’être accompli et se demandent si l’exécution a été «  propre  » ou «  violente  ».
Un fossé se creuse d’emblée avec le spectateur d’un pays abolitionniste, qui réalise à quel point la peine de mort est institutionnalisée et même moralisée aux États-Unis. Pas d’européanocentrisme pour autant dans ce film qui cherche moins à «  voir  » qu’à comprendre. Il s’appuie sur la parole de personnes impliquées – les Kirk, la famille d’une victime ; Curtis, un ancien condamné ; et Golda, la mère d’un détenu – et les commentaires d’un professeur abolitionniste et d’un pasteur pro-peine capitale.

Et reconstruit ainsi le spectre de la sentence ultime en faisant ressortir son absurdité et son inhumanité.

Société
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