Pas d’homos au programme !

Le ministère de Luc Chatel s’émeut d’un point portant sur « les différents types de famille » dans les nouveaux cours de terminale.

Olivier Doubre  • 4 novembre 2011 abonné·es

On entend souvent dire que nous aurions la « droite la plus bête du monde » . En voici une nouvelle illustration. Après le rejet d’une proposition de loi en faveur du mariage gay puis les protestations dans les rangs les plus réactionnaires – à la suite des associations familiales catholiques – contre l’intégration de la « théorie du genre » aux programmes de sciences de la vie et de la Terre (SVT) au lycée (voir Politis n° 1167), voici qu’on assiste à un vif embarras du ministère de l’Éducation nationale. Il a pour cause l’introduction à la rentrée 2012, dans les programmes de terminale littéraire en « droit et grands enjeux du monde contemporain » (DGEMC), de l’étude des différents types de famille et de leur prise en compte par le droit et la jurisprudence. Dont les familles homoparentales.

Le ministère dirigé par Luc Chatel s’est en effet senti obligé de se fendre d’un communiqué pour « préciser que la mention de ces questions de société ne signifie aucunement qu’elles aient une ­reconnaissance et une définition légales » . Et d’ajouter qu’il ne s’agit là que d’un simple « exemple » permettant « seulement de montrer aux élèves les réponses apportées par le droit sous toutes ses formes (loi, réglementation, jurisprudence) »
Un tel communiqué serait à encadrer s’il n’exprimait justement l’absence de toute reconnaissance de ces dizaines de milliers de familles auxquelles les droits les plus élémentaires sont déniés.

Mais, à la différence de l’affaire de la « théorie du genre », c’est le service de communication du ministère qui a cru bon d’anticiper les critiques des milieux catholiques conservateurs et de la majorité.

Si le ministre souhaitait sans doute plus de discrétion sur ce thème, l’Association des familles homo­parentales s’est, pour sa part, « vivement félicitée » de ce futur enseignement, prévenant que, « dans un contexte de vives polémiques et de pressions conservatrices liées à l’étude du genre dans les programmes de première, [elle] veillera à ce que le thème de l’homoparentalité soit traité de manière correcte et approfondie » .

Société
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