Puteaux, élus UMP et logements sociaux

Dans cette ville des Hauts-de-Seine, 16 élus UMP sur 35 résident dans des logements sociaux. La face émergée d’un système « clientéliste » et « mafieux » , selon l’opposition municipale.

Erwan Manac'h  • 18 novembre 2011
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Puteaux, élus UMP et logements sociaux
© Photo : AFP / Patrick Kovarik

**Elle s’était récemment illustrée en faisant racheter la quasi-totalité des n° du *Canard enchaîné de sa ville, alors que l’hebdomadaire la mettait en cause dans une affaire de pots-de-vin[^2] et de compte occulte au Luxembourg. Aujourd’hui, la députée-maire UMP de Puteaux (Hauts-de-Seine), Joëlle Ceccaldi-Raynaud (photo), est de nouveau au centre d’une polémique.

La moitié des élus d’opposition logent en HLM

Comme pour l’affaire révélée par le Canard enchaîné , l’information a fuité sur le blog de Christophe Grébert, « un habitant de Puteaux qui a décidé de résister » , chef de fil Modem de l’opposition municipale. Le 10 novembre, il publiait les noms des 16 élus UMP, soit 48% de la majorité, qui bénéficient de logements sociaux. « On peut se demander si ces élus étaient vraiment prioritaires sur les 3 000 dossiers en attente? interroge Christophe Grébert, pointant avant tout un « problème moral » : « C’est un système. Quand vous avec votre carte UMP, vous êtes un peu plus haut dans la file d’attente pour l’attribution de logements sociaux. *[^3] »*

Joëlle Ceccaldi-Raynaud, par ailleurs députée des Hauts-de-Seine et ancienne suppléante de Nicolas Sarkozy, a répondu mardi 15 novembre que les élus vivants en HLM avaient emménagé avant son élection, certains même « depuis plus de 30 ans » . «  C’est vrai, répondait le même jour Christophe Grébert sur son blog, la plupart ont eu leur logement sous le mandat de son père, Charles Ceccaldi, maire de 1969 à 2004. Joëlle Ceccaldi était sa 1ère adjointe. »

C’est dans le JT de France 3 Île-de-France, jeudi 16 novembre, que le père répondait à sa fille. Depuis 2005, l’ancien maire digère (très) mal le refus de celle-ci, qui avait repris la main pendant son absence pour raisons médicales, de restituer son ancien trône : « Elle a constitué sa liste en promettant à qui un emploi à la mairie, à qui un logement HLM… avec un clientélisme effréné. » [^4] **

Les reliquats d’une mafia mourante

En lice pour récupérer la mairie depuis que le réservoir électoral de Joëlle Ceccaldi-Raynaud s’étiole [^5], Christophe Grébert, joint par Politis.fr, décrit une ambiance « délétère » à Puteaux. Une « mafia corse » qui règnerait depuis 42 ans et aurait « mis la ville en coupe réglée ». D’après l’estimation de l’élu MoDem, la municipalité aurait dépensé en 10 ans « 150 000 euros d’argent public en frais d’avocat dans ses démarches – toutes perdues – contre mon blog ».

Le Maire de Puteaux « fait régner un climat de peur sur les kiosquiers , affirmait aussi en octobre le journaliste du Canard enchaîné , Hervé Liffran. Certains d’entre eux refusant d’être réapprovisionnés en raison d’éventuelles représailles » .

« Il y a quelques années, les gens qui me parlaient étaient photographiés , raconte Christophe Grébert. Parfois le téléphone sonnait chez moi, pour me dire « on sait que tu es rentré chez toi ». Ce sont aussi des gros bras mafieux qui viennent proférer des menaces. Mais je n’ai pas peur, car nous sommes en France et c’est une vieille mafia qui s’effondre. Nous en voyons les derniers soubresauts. »

[^2]: [Selon le Canard, le juge d’instruction de Nanterre à entendu en août Joëlle Ceccaldi-Raynaud comme témoin assisté sur des soupçons de commissions occultes dans l’attribution d’un marché par le syndicat intercommunal de chauffage urbain de la Défense (Sicudef) à Enerpart.

[^3]: Interviewé par le JT de Canal+ le 16 novemebre (18’00 min).

[^4]: 19/20 du 16 novembre, France 3 (9’50 min)

[^5]: Habitué jusqu’alors à des scores de plus de 60 %, la droite a remporté les municipales de 2008 par 53 % et les cantonales avec 52 %

Politique
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