Scandale: un Grec propose un référendum au peuple. Le coupable « convoqué » à Cannes!

Claude-Marie Vadrot  • 1 novembre 2011
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J’ai hésité quelques heures avant d’exprimer ma fureur devant les réactions de la droite face à la proposition du Premier ministre grec d’organiser un référendum à propos de la purge imposée par l’Europe; à cause de la prise de position de Marine Le Pen. Puis, outre mon rejet compulsif de la moindre de ses déclarations, l’examen attentif de son communiqué de fausse satisfaction a achevé de me convaincre de l’immensité de son mensonge en trompe l’oeil: cette femme et son parti jouent sur le sentiment anti-européen, sur le nationalisme et se moquent éperdument de la démocratie.

Donc, depuis quelques heures, la fureur des membres du gouvernement de Sarkozy, la colère de leurs homologues européens, le dépit des banques et des milieux industriels, font plaisir à entendre. Quoi, un socialiste, même douteux, renoue avec la tradition de la démocratie, en proposant un référendum et cela serait irresponsable et dangereux comme l’a expliqué Christian Estrosi, le porte coton habituel du Président.

Je rêve, je cauchemarde: faire appel au peuple en Grèce serait scandaleux ? L’indignation de tous les bons apôtres est révélatrice du fond de leur pensée: pour l’essentiel , y compris pour le nucléaire par exemple, demander son avis à la population relève de l’imposture!

Georges Papandréou, quelles que soient ses motivations cachées, a eu le courage, face à la catastrophe vécue par son peuple, de choisir une solution on ne peut plus démocratique pour répondre à tous ses indignés, à tous ses compatriotes que l’Europe de riches et des banques vouent à la pauvreté pour au moins dix ans et menacent d’une sortie de l’Euro et de l’Europe qu’ils paraissent être de plus en plus nombreux à souhaiter.

Un homme contre toutes les banques, ça a de la gueule ! Il a sorti de son chapeau la plus belle citrouille d’Halloween pour foutre la trouille à l’Europe. Et plus si affinités…

Le système serait donc sur le point de s’effondrer sous le poids d’un référendum. Il n’est donc vraiment pas solide…

On peut commencer à espérer…Même si, mardi soir, l’information sur le bouleversement des l’Etat Major de l’armée grecque ne peut qu’inquiéter en rappelant de bien mauvais souvenirs.

Le vocabulaire est extraordinaire: le Premier ministre grec est "convoqué" à Cannes par les autres responsables européens et "prié de s'expliquer" . Sarkozy et les autres chefs d'Etat ou de gouvernement supporteraient-il qu'on leur applique un tel vocabulaire complaisamment répercuté par trop de nos confrères?
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