Enfants de la guerre

Sarajevo, 1996 : portrait d’une jeunesse
en reconstruction.

Gilles Costaz  • 1 décembre 2011 abonné·es

Autour de la guerre des Balkans, Fabrice Melquiot a écrit deux pièces, Kids et le Diable en partage, qui ne cherchent pas à faire œuvre d’histoire ou de journalisme mais à saisir ce qu’on ne voit pas, ce qui est dans la tête et dans le corps de ceux qui vivent cette folie et cette déchirure. Dans son Centre dramatique de Tours, Gilles Bouillon a choisi de monter Kids, qui représente des adolescents à Sarajevo, en 1996, un jour de paix – du moins, la paix paraît probable, la désolation des lieux fait penser que le conflit pourrait être terminé. Ces ados se parlent, se touchent au grand jour. Ils récupèrent ce qui peut être récupéré, pensent petits trafics et grandes amours, vivent dans le jour présent et l’avenir à inventer.

Dans un espace nu de Nathalie Holt, prolongé par la courbe d’une piste de skate, neuf jeunes acteurs (Laure Coignard, Charlotte Barbier, Bastien Bouillon…) et un guitariste portent dans une passion à la fois fiévreuse et douce ce texte où le langage se disloque et fait parfois place à la chanson. Étonnant mélange de vocables bricolés qui semblent venir d’ailleurs et retrouvent dans leur méli-mélo une poésie française. Étonnante perception des consciences et du subconscient que la mise en scène de Bouillon et les interprètes, tous singuliers, traduisent dans le climat trouble et tendre d’une nuit lumineuse.

Théâtre
Temps de lecture : 1 minute