Plus d’enfermement

Les structures fermées pour mineurs se multiplient, alors qu’elles coûtent très cher et semblent plutôt favoriser la récidive.

Pauline Graulle  • 15 décembre 2011 abonné·es

Depuis la fin des années Chirac – et l’ère Sarkozy, ministre de l’Intérieur –, la France a connu une inflation de ses structures d’enfermement pour les 13-18 ans. En plus des quartiers mineurs en prison, les centres éducatifs fermés (CEF) ont vu le jour en 2002 et les établissements pour mineurs (EPM) en 2007. « L’idée portée par Sarkozy d’emprisonner plus a longtemps divisé la droite, explique le sociologue Sébastian Roché. Aujourd’hui, l’enfermement des mineurs n’est plus considéré comme le dernier recours, même si la France demeure un pays qui enferme peu ses enfants parce qu’elle est tenue par des traités internationaux. » N’empêche, avec plus de 800 mineurs incarcérés au 1er juillet dernier (hors CEF), la France n’a jamais autant enfermé sa jeunesse.

Si elle pose des questions morales, l’incarcération des mineurs interroge également sur sa réelle efficacité. Sébastian Roché invoque des études américaines montrant que l’enfermement aggrave la récidive. D’autre part, « il y a un vrai problème de formation des personnels dans les CEF et les EPM, confie un agent de la PJJ. Personne ne veut y travailler, alors les éducateurs ont parfois été piochés dans les recalés au concours ! Ils sont recrutés pour leurs muscles et non pour leur capacité d’élaboration avec les jeunes ». Des jeunes qu’il convient avant tout de punir.

 Les CEF : Il en existe 44, pour 500 places, et Nicolas Sarkozy veut transformer 20 foyers éducatifs en nouveaux CEF d’ici à 2017. Ces structures n’ont pas de fermeture « physique » (barreaux, miradors) et pas de personnel pénitentiaire. Néanmoins, contrairement aux foyers éducatifs, la fugue est sanctionnée par une incarcération. Si, au départ, les CEF ont été conçus pour les mineurs récidivistes ayant tenu en échec toutes les mesures éducatives, de plus en plus de primo-délinquants y sont envoyés : aujourd’hui, un quart des mineurs présents dans les CEF n’ont pas de casier judiciaire. « Les foyers éducatifs sont fermés les uns après les autres, explique Natacha Grelot, du SNPES-PJJ. Les juges n’ont parfois pas d’autres solutions que d’envoyer les jeunes en CEF. »

•  Les EPM : On en compte 6 pour 60 places. Ces prisons de jeunes coûtent très cher, avec 36 éducateurs par unité – autant de moins dans les structures éducatives. L’EPM est conçu autour de 60 heures d’activité par semaine. « Les éducateurs doivent occuper les jeunes à tout prix, mais ce n’est pas forcément ce dont ils ont besoin » , regrette Natacha Grelot.

Les quartiers mineurs dans les prisons : même s’ils entrent de plain-pied dans l’univers carcéral, certains jeunes préfèrent les quartiers mineurs parce qu’ils se situent plus près de leur famille, ou qu’ils ne supportent pas la suractivité des EPM.

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Jeunes dangereux ou en danger ?
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