Un sacré malentendu

Conspué par les chrétiens ultras, Rodrigo Garcia invite
en fait à la méditation.

Gilles Costaz  • 15 décembre 2011 abonné·es

C’est le temps des malentendus. Fascinés par le Christ, Castellucci et Garcia se font conspuer par les chrétiens ultras. Mais l’Hispano-Argentin est moins en communion – si l’on ose dire – avec l’homme des Évangiles que l’Italien.

Dans Golgota Picnic, Rodrigo Garcia assimile le christianisme et le libéralisme, qui, pour lui, détruisent l’individu par la consommation et l’uniformisation. D’ailleurs, dans la mise en scène et le décor signés par l’auteur lui-même, le sol est jonché de ces pains avec lesquels on fait les hamburgers. McDo, Disneyland, Vatican, même combat, semble dire Garcia, qui désintègre les images d’Épinal : on met des vers hideux dans les Big Mac, le pianiste Mario Formenti joue nu les Sept Dernières Paroles du Christ, de Haydn…

En réalité, Rodrigo Garcia – et c’est ce qui rend le spectacle passionnant – conduit la provoc de manière plus inattendue. La frénésie de l’action est soudain stoppée par cinquante minutes de musique d’inspiration religieuse (un peu longues à notre goût). Tout s’arrête, tout n’est plus que méditation, avant une dernière image d’ado jouant avec la mort. Une invite au silence intérieur.

Théâtre
Temps de lecture : 1 minute