Les OGM entrent en campagne

Complications autour de la reconduction de l’interdiction du maïs Monsanto.

Patrick Piro  • 26 janvier 2012 abonné·es

On s’alarme dans les rangs des anti-OGM. La saison des semailles approche et pas de nouvel arrêté pour interdire la culture du maïs OGM Mon810, de Monsanto… Lundi dernier, dans un hangar de la firme situé dans l’Aude, des militants ont vidé des sacs qui en contenaient, prêts à la commercialisation. L’association générale des producteurs de maïs (AGPM) a par ailleurs confirmé que certains de ses membres sont prêts à cultiver la variété.

Bête noire des anti-OGM, le Mon810 était frappé d’un moratoire interdisant sa culture depuis février 2008. Mais les arguments de la France ont été contestés en septembre dernier par la Cour européenne de justice de Luxembourg, jugeant que le Mon810 ne présentait aucun risque pour la santé et l’environnement. Le Conseil d’État en a pris acte, invalidant l’interdiction fin novembre 2011.

Cependant, les ministres de l’Agriculture et de l’Écologie, ainsi que le président de la République, ont annoncé ne pas vouloir en rester là, car l’opinion publique reste majoritairement opposée aux OGM. Seuls quelques gros exploitants, soutenus par Monsanto, bataillent depuis 2008 pour casser le moratoire.
De nouvelles études permettraient de justifier sa prolongation, explique Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Écologie, qui a averti les agriculteurs que le Mon810 serait à nouveau interdit sous peu. Cependant, les risques environnementaux démontrés par ces études ne concerneraient la France qu’à la marge. La ministre reconnaît volontiers que Bruxelles ne devrait pas être dupe. Le nouvel arrêté toutefois ne sera signé que fin février, soit juste avant les semailles : le temps que Bruxelles le conteste, il sera trop tard pour cultiver du Mon810 pendant la saison 2012… Cette astuce tactique sert Nicolas Sarkozy , qui doit déclarer sa candidature présidentielle à ce moment-là, et pourrait toucher un petit bénéfice de la manœuvre.

La Confédération paysanne en conteste cependant l’efficacité, car ce retard n’empêche pas la vente du maïs transgénique. Et après, « bien malin qui pourra empêcher un agriculteur de le semer… » , explique Guy Kastler, en charge du dossier. Selon le syndicat, il existe une autre voie pour contester le Mon810 : le risque de contamination du miel. Une trace de pollen transgénique dans un seul pot suffit à rendre sa commercialisation illégale : le miel « OGM » n’est pas autorisé actuellement par l’Union européenne. Un préjudice qui suffirait à étayer une interdiction du Mon810.

Écologie
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